1927 :Charlotte une "Belle du Sud" doit s'enfuir avec son amant, John, un homme marié. Lequel perd la vie, tête et main tranchées le soir d'une réception donnée dans la demeure fastueuse de son père, Big Sam. Accusée du meurtre elle s'en sort grâce à l'influence et à l'argent de son père.
1964 : on retrouve une Belle du Sud fanée, veillée par sa gouvernante, accrochée à ses souvenirs et à sa maison de Louisiane. La construction d'une autoroute et le futur saccage de sa chère propriété la contraignent à appeler sa cousine Miriam . L'intrigue est lancée, les pions se mettent en place. De ce qui aurait pu être un banal mélo , Aldrich transforme l'histoire en un ballet cruel (non sans rappeler "Les Diaboliques" de Clouzot), accentuant les contrastes, aidé pour cela en un magnifique traitement du noir et blanc, contre-plongées, ombres et jeux de miroirs, tout accentue les thèmes chers à Aldrich , dépeindre sans fard la noirceur de l'âme humaine, son goût de la violence, son avidité. Charlotte en proie à ses fantômes et au délire de son amour perdu, pauvre poupée de chiffon aux mains d'un couple rongé par la soif de l'argent et que l'on se prend à aimer.Bien sûr il y a Bette Davis renouant avec Baby Jane, bien sûr il y a une satire de ce Sud cramponné à ses vestiges de splendeur esclavagiste. Hush Hush Sweet Charlotte reste un film d'une grande perversion, splendide et noir, magnifié par ses images, sur la manipulation psychologique et le sadisme. Et quel plaisir de voir Olivia de Havilland, tendre Mélanie d"Autant en Emporte le Vent" interpréter une peste machiavélique , stéréotype du film noir à la Barbara Stanwyck. Rôle qui devait échoir à Joan Crawford. Mais avec Baby Jane, cela aurait (peut -être) frôlé le remake.