"C'est l'état d'incertitude du tribunal ou du jury, selon le cas, qui l'empêche de juger, avec une conviction inébranlable la preuve qui lui est soumise".
Et c'est dans cet état que nous maintient durant huit épisodes cette mini-série,une immersion dans le système judiciaire américain, sans fioritures, sans parti pris, des faits, rien que des faits.Jusqu'à nous plonger dans l'esprit des jurés. Mais tout cela pourrait être un peu austère sans la présence de cette mélancolie qui imprègne les personnages. L'avocat, Jack Stone, magnifiquement et tendrement interprété par John Turturro m'a rappelé, je ne sais pourquoi, Harry Caul de "Conversation Secrète". Ces solitaires qui doutent du système, à la poursuite d'une justice qu'ils savent au fond d'eux mêmes ne pas exister réellement. Ce flic( Bill Camp) au bord de la retraite, blasé, taiseux , aux épaules lourdes, pris lui aussi par ce "doute raisonnable". Un présumé innocent,(Riz Ahmed) jeune homme naïf et studieux que son passage en prison changera à jamais. Et un taulard endurci(Michael K Williams) à qui ce jeune homme amènera une sorte de rédemption. Toujours cette frontière invisible entre le Bien, le Mal, tout peut être pardonné. Même à un chat, qui finit par traverser, royal, l'appartement d'un Jack Stone pourtant rongé par les allergies. Les blessures ne se refermeront pas, mais il faut continuer, malgré tout.
"Alors, on boit un verre, en regardant loin derrière la glace du comptoir, et l'on se dit qu'il est bien tard, qu'il est bien tard"