Au début des années 1990, alors que Los Angeles subit une vague chaleur, un homme n'en peut plus d'attendre qu'un bouchon automobile se termine, et pris d'un soudaine impulsion, il quitte sa voiture et se décide à rentrer afin de voir sa fille pour son anniversaire. Cependant, on se rend compte peu à peu que cet homme, nommé au départ D-Fense, devient de plus en plus dangereux.
Le système de production de ce film-là tend à prouver qu'il serait impossible à faire aujourd'hui ; Michael Douglas a simplement lu le scénario et à exigé de jouer dans le film, moyennant une baisse de salaire, et l'emploi de Joel Schumacher derrière la caméra. Le tout dans un Los Angeles chauffé à blanc durant les émeutes de 1992, d'où la tension qu'on ressent parfois en plus de la chaleur qui dégouline des visages des acteurs. C'est simple ; Joel Schumacher a signé sans nul doute le meilleur film de sa carrière (avec Tigerland et Phone Game), le plus âpre, le plus sec, le plus noir aussi. C'est porté par la cinégénie de Michael Douglas, qui en jette avec sa coupe à la brosse, tel un Terminator, au point de s'emporter à plusieurs reprises. On voit bien qu'il a un grain, sans doute raciste, mais il est aussi le produit d'une Amérique qui rejette ceux qui l'ont aidé autrefois. En l’occurrence cet homme qui a participé à la Guerre Froide, et le manque de reconnaissance, il est au chômage, font que peu à peu, il va péter un câble en représentant le côté défouloir, jusqu'à un final assez touchant.
De l'autre côté, on retrouve l'excellent Robert Duvall, qui incarne un flic qui vit son dernier jour au poste avant la retraite, encore sous le coup d'un drame personnel, et c'est peut-être pour lui l'occasion de partir par la grande porte en arrêtant cet homme qui commence à faire du bruit.
La réalisation est efficace, avec parfois l'utilisation de filtres qui suggèrent une chaleur de plomb, et Chute Libre est encore un grand film, un de ceux que je revois avec plaisir, car il est sans concessions, avec un Michael Douglas épatant.