Peut-être que, comme moi, vous connaissiez Chute libre sans le savoir : J'pète les plombs de Disiz la pest, sorti en 2000 le parodiait dans un clip marquant. Si vous appartenez à la même génération que votre serviteur, vous vous rappellerez que les cours d’école reprenaient les phrases en boucle sans savoir que ce titre était un hommage à ce film. La découverte se fit plus tard, pour un film marquant et percutant.
Coincé dans les embouteillages, à Los Angeles, nous faisons la connaissance d'un homme, air sévère, coupe en brosse, chemise blanche et cravate qui patiente tant qu'il peut sous la chaleur de l'été étouffant. Il décide d'abandonner sa voiture et de partir à pieds. Sur son chemin, il va rencontrer différentes contrariétés plus ou moins triviales, à lesquelles il va répondre par une violence de plus en plus crue. Progressivement, on va apprendre qui il est, un homme faussement banal, qui a perdu son travail et dont la femme l'a quitté. Un inspecteur de police prochainement à la retraite va tenter d'arrêter sa route.
J'ai souvent lu que le film était une critique de la société actuelle, cruelle quand elle écrase les honnêtes gens. C'est un peu plus compliqué que ça. Le personnage principal est ambigu, et toute sa conduite ne peut pas être excusée par ce qu'il a subi, il a un passif. Le but de sa quête est noble. Il veut retrouver ce qu'il a perdu et surtout l'amour de sa famille. Mais il a pris des décisions malheureuses dans cette quête.
Thriller grinçant, et parfois gênant dans le reflet qu'on pourrait voir, la réalisation de Joel Schumacher illustre à merveille l'inquiétant personnage joué avec brio par un Michael Douglas glaçant. Ce que je viens de vous en dire n'est qu'un aperçu de ce que vous pourriez en retirer et qu’il vaut mieux découvrir par vous-même. C’est une belle claque, qui, comme Fight Club, en dit beaucoup sur la figure de l’homme moderne de cette fin de siècle.