Le cinéma de Joël Schumacher n’a pas grande presse. Ses Batman continuent de faire l’unanimité contre eux, ses blockbusters manquent clairement de subtilité et ses thrillers sont loin d’avoir convaincu tout le monde. Dans cet ensemble, un film semble faire plutôt l’unanimité et c’est ce Chute libre. Critiqué pour son côté caricatural à sa sortie, force est de constater, quelques décennies plus tard, que le discours parvient parfaitement à saisir l’air du temps de ce début des années 1990. L’après Guerre du Golfe de 1991, la violence urbaine sur la côte ouest américaine, la crise économique et sociale sont le théâtre de cette plongée dans la violence d’un homme qui a perdu tout repère. D’un côté, son itinéraire psychologique et géographique durant une journée où il souhaite rejoindre à pied la maison dans laquelle habitent son ex-femme et sa fille et, de l’autre, celui d’un policier qui vit sa dernière journée de service avant une pré-retraite qu’il souhaite prendre par amour pour sa femme.


Le parallèle entre leurs deux journées est, certes, convenu et le procédé assez simple mais il est d’une évidente efficacité. Porté par un Michaël Douglas parfait en homme brisé qui ne trouve plus que la violence pour répondre à ses tourments, le récit donne aussi la part belle à un Robert Duvall qui sait toujours aussi bien choisir ses rôles. Le duel entre deux hommes qui entretiennent des relations difficiles avec leur femme (ou ex-femme) et qui éprouvent des difficultés à trouver leur place dans le système conduit à deux portraits riches qui balayent les frontières du bien et du mal comme le cinéma américain oublie si souvent de le faire. Entourés par des personnages solides qui ne sont pas là que pour jouer les faire-valoir, ils offrent une confrontation de premier plan menée avec patience et précision.


Ce thriller, qui prend au fur et à mesure de plus en plus la forme d’un drame, n’a, certes, pas la puissance d’un Taxi driver dont il est, dans un certain sens, un héritier, mais il pointe du doigt une même Amérique malade et les psychopathes qu’elle engendre. Cette très pertinente autopsie d’une société elle-même en chute libre est à recommander pour ceux qui veulent se réconcilier avec le cinéaste américain.


7,5

Play-It-Again-Seb
7

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le 13 déc. 2024

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