Cinéma, aspirines et vautours par Nicolas Montagne
Un film tourné au Brésil par un brésilien pour des brésiliens partant d'une anecdote de l'oncle du réalisateur. Un point de départ familial donc, qui augure un film hermétique que seuls les initiés à la culture brésilienne peuvent comprendre et apprécier.
Cependant,plus le film avance et plus le spectateur prend conscience de l'universalité de celui-ci, et de son rapport très fort au cinéma. Un film qui parle de la capacité qu'a chaque homme à la représentation. On y voit des autochtones de la région la plus reculée du Brésil réagir vivement face aux films projetés, alors même qu'ils ne connaissaient pas le cinéma, une expérience déjà faite par des espagnols montrant Les Temps modernes de Chaplin à des péruviens.
C'est donc plus qu'un film familial et brésilien: un film sur la capacité naturelle de l'homme à comprendre les images. On pourra enfin parler du talent de Marcelo Gomes pour la mise en scène: son film est d'un esthétisme brillant,se situant entre Wim Wenders et le Tulsa de Larry Clarck, avec cette lumière blanche presque brûlée et les grands espaces désertiques. On retrouve donc la nature pour mieux se confronter à ce retour à la nature profonde de l'être humain,"représentateur" naturel. Un film très intelligent et touchant,mais attention,la lenteur de l'histoire ne plaira pas à tout le monde, cette oeuvre étant loin du film d'action.