Cinema Paradiso - Numéro 1 de mon TOP 10 -

Critique éditée le : 23 novembre 2024.


.Faisons un grand plongeon dans les années 1940 à Giancaldo, charmant petit village de Sicile. Dans cette localité deux endroits retiennent l'attention des habitants, l'église et bien plus surprenant le cinéma paroissial "Cinema Paradiso ". Il faut dire que chaque lieu attire sa clientèle de fidèles. Il y a même un très jeune enfant de chœur Toto, plus doué pour les histoires que pour servir la messe en restant éveillé. Pas étonnant, le garçon passe son temps à rôder du côté du fameux "Cinéma Paradiso". C'est un endroit qui le fascine, un endroit dont s'occupe avec amour Alfredo, le projectionniste. Toto vit avec sa mère et Alfredo devient presque un père pour lui. La passion du cinéma est communicative. Toto a attrapé le virus et ne rêve qu'à une chose, projeter un jour sur le grand écran du cinéma les bobines emplies de trésors.

Dès que la séance débute le petit bonhomme se glisse dans la cabine de projection au côté d' Alfredo et regarde se dérouler sous ses yeux émerveillés ces trésors de tous genres. Toto observe son "maître", il se croit son assistant, celui qui succédera peut-être à Alfredo son idole. Le projectionniste se surpasse en faisant du cinéma en plein air. Le public est ravi, éberlué mais les bons moments n'ont parfois qu'un temps, un drame va se produire, une bobine prend feu. Alfredo en voulant éteindre l'incendie dans la cabine devient aveugle, les flammes ne l'ayant pas épargné mais comme on dit au cirque: " Le spectacle continue ! ". On répare et c'est reparti, Toto projette les films et les habitués sont tout heureux de retrouver leur bon vieux cinéma. A ses côté Alfredo est de retour pour le conseiller mais aussi pour le plaisir de "sentir" l'odeur de sa cabine et d'entendre les réactions de la salle.

Maintenant Toto a bien grandi et mène une vie d'adolescent. Il rencontre la charmante Elena dont il est fortement épris. C'est la période où un premier amour prend une importance considérable, celui dont on se souvient toute sa vie. Toto promettra de venir chaque soir sous sa fenêtre avec l'espoir de la voir. On prend à cœur ce genre de rendez-vous romantique et un peu secret lorsqu'on est adolescent mais bien souvent un premier amour ne dure pas. Un beau jour il reçoit son ordre pour faire son service service militaire. Lorsqu'il en reviendra le brave Alfredo a bien vieilli, sa fin de vie se profile alors que le bon vieux "Cinema Paradiso" a fini la sienne. Son ancien projectionniste sent bien que le jeune homme n'a plus grand chose à espérer dans ce petit village et lui conseille de partir vivre et travailler à Rome. Là il sera plus dans son élément pour apprendre, trouver un emploi et vivre sa vie. Ce sont donc de biens émouvants adieux avec sa mère et le vieux projectionniste avant de s'envoler pour Rome. Toto se fera appeler Salvatore di Vita. Le cinéma est enraciné en lui et il fera autorité dans cette voie.

Il reviendra une fois à Giancaldo pour les obsèques de son ancien compagnon qui lui à tout appris et lui a fait aimer le "Septième Art". Quant au "Cinema Paradiso", il n'a pas résisté aux nouvelles technologies de l'époque. Les cassettes et les DVD l'ont vaincu. Le voilà abattu sous les yeux des anciens qui en avaient fait leur refuge, le lieu sacré de leur seule distraction.

Pour Salvatore c'est le pan d'une vie qui s'efface un peu plus et c'est sans une certaine émotion bien visible qu'il se projette à Rome, solitaire dans sa salle de cinéma toute moderne, les vieux souvenirs de son enfance qui l'on fait vibrer et devenir ce qu'il est, une notoriété de ce milieu.


Il y a quelques jours je me suis dit qu'il fallait absolument revoir ce film honoré à très juste titre de nombreuses distinctions et qui était malheureusement un si lointain souvenir pour moi. Il faut croire que l'on peut avoir besoin à un moment de revivre des instants que l'on est certain d'avoir à tort survolés et je ne me suis pas trompé. Cette œuvre du grand réalisateur Giuseppe Tornatore


Les scènes sont parfois hilarantes, le coiffeur pour les enfants, le curé et sa clochette au moindre bisou vu à l'écran soulevant les manifestations moqueuses d'un public qui n'attendait que cela. Oui elles sont peut-être hilarantes mais en France dans beaucoup de cinémas de quartier c'était le moment des sifflets, des applaudissements ou des grands soupirs d'une partie du public qui n'attendait que ce moment de grâce. Il y avait le contestataire qui paraissait mécontent, choqué mais qui regardait quand même les moments charnels. Il y avait aussi les fanas de westerns qui se croyaient autour d'un ring et qui applaudissaient leurs héros, ceux qui venaient par curiosité, les inconditionnels qui se satisfaisaient de tout pourvu qu'ils soient au ciné et qu'ils aient passé un bon moment loin de leurs soucis. Le cinéma était à lui seul dans ces quartiers, ces villages le lieu de rencontre où à la sortie on était heureux de se retrouver et de discuter de tout...sauf du film. Ce temps est passé, les bons vieux cinés sont morts, ils sont réincarnés en garage, en supermarchés. La convivialité est mortes. Si je devais construire un cimetière fictif de cinémas disparus il faudrait un espace très conséquent mais dans ma mémoire ils sont immortels.


Alors ce film aussi émouvant que réaliste est-il un biopic ? Peut-être. Qui n'a pas été à un moment Alfredo ou Toto, bien malin qui pourrait le dire mais des amoureux du cinéma il y en a toujours eu. L'interprétation est remarquable, Philippe Noiret dans le projectionniste passionné, Alfredo, Salvatore Cascio, Toto, enfant aussi passionné que son "maître , Marco Leonardi adolescent très amoureux et émouvant puis Jacques Perrin resté aussi passionné et ému que lorsqu'il était ce Toto si attachant. Bien entendu une adolescence est bien rare sans un premier amour que l'on croit toujours pour la vie et l'on a plaisir à découvrir Agnese Nano, Elena Mendola au temps de l' adolescence et Brigitte Fossey au moment où les amourettes s'évaporent le rêve faisant place à la réalité parfois dure à supporter.


C'est vrai qu'en regardant ce film formidable je me suis un peu comparé à Alfredo. Celui-ci était heureux de faire découvrir des œuvres, de tenter de les faire aimer bref de faire aimer le cinéma. Alors bien entendu j'essaie parfois avec de la réussite, d'autres fois avec des échecs. Je n'ai plus vingt ans et comme Alfredo il arrive un moment où nous nous trouvons perchés sur une branche d'arbre qui peut à tout moment se fendiller et tomber. C'est pourquoi je mets ce film très réaliste numéro un de mon TOP 10, c'était le choix de certains, je leur donne raison !

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Liste de mon vieux cinéma de quartier maintenant détruit : https://www.senscritique.com/liste/le_pierrot_blanc_cinema_de_quartier/3964498


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Ma note: 10/10

Box-office France: 2 052 787 entrées

Grard-Rocher
10
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le 23 nov. 2024

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