On pourrait croire que Moix l'a fait exprès, que la médiocrité de son long-métrage lui a sauté aux yeux en fin de tournage, qu'il s'est décidé à le rendre bien pire encore en postproduction... En ce sens le split-screen ahurissant qu'il nous offre lors d'un désastreux pastiche faisant se rencontrer SISSI et ZORRO (!) est la démonstration soit d'une incompétence totale, soit de la volonté affirmée d'un cinéaste de pourrir un film déjà navrant afin de le rendre attendrissant et marrant dans sa nullité.
CINEMAN regorge de ces idées désolantes qui font douter du dévouement du réalisateur envers un concept pourtant originellement attachant, la plus horripilante de ces idées étant la rencontre, au cours d'une séquence à l'image du reste du film (photo dégueu, maquillages intolérables, montage désastreux), des univers de TAXI DRIVER et d'ORANGE MECANIQUE.
Le réalisateur de PODIUM (somme toute honorable), nous démontre ici son incapacité totale à gérer ses comédiens. Tous en roue libre (Dubosc le premier, cela va de soi), ils semblent se demander ce qu'ils font là, et prennent ce CINEMAN pour un film de potes tourné avec le caméscope familial. Pierre Richard regarde, par le prisme de l'écran de cinéma, les péripéties de son comparse Dubosc (qui affrontera six fois de suite le même fauve, toujours sur une musique en contradiction complète avec les images, et nous gratifiera d'un humour de cour de récré pour le moins dispensable), et réagit mollement au triste spectacle qui lui est donné de voir. Richard ne prend quasiment jamais la parole et plus le film avance, moins il semble se sentir concerné.
Fâcheux sujet aussi que celui du doublage. En effet, la quasi-totalité du long-métrage, pour des raisons encore obscures, a été post-synchronisée. Moix invente "l'écriture du scénario après le tournage d'un film". La synchronisation labiale est tellement douteuse qu'il est évident que la plupart des répliques ont été réécrites peu avant la sortie. Peut-on y voir là encore une volonté du réalisateur de saboter plus que de raison son projet ?
Quoiqu'il en soit, CINEMAN est un ofni tordant, dont chacune des idées est plus ridicule que la précédente. C'est bien simple, toutes les vannes sont plus mauvaises les unes que les autres, et tous les gags visuels (Tarzan sur une liane allant à reculons), tombent à plat, et nous laissent songeur. A priori, Moix n'est pas un idiot, alors comment son film a-t-il pu prendre une telle direction ?
Les amoureux de nanars apprécieront.