La filmographie de Mario Bava, c'est un peu tout et n'importe quoi mais le réalisateur est surtout connu pour avoir posé les bases du giallo avec "Six femmes pour l'assassin", après son film "La Fille qui en savait trop" qui est souvent considéré comme le premier du genre, mais également du slasher avec "La Baie sanglante". Et en 1970, il décide d'adapter très librement le roman "Dix Petits Nègres" d'Agatha Christie, que beaucoup considèrent comme étant un giallo.
Il faut dire que le genre peut englober un peu tout et n'importe quoi et a des frontières et des codes plutôt flous mais néanmoins reconnaissables lorsque l'on voit un film du genre : du gore, du sexe, des couleurs vives, des gros plans sur des lames qui brillent et des gants en cuir et souvent une intrigue policière remplie de rebondissements. Et si on retrouve effectivement certains de ces codes ici, nous sommes surtout face à un banal film policier. Alors certes, c'est un film de genre italien des années 70, oui il y a un peu de sang et on voit des seins de temps en temps mais ce n'est pas pour autant que nous sommes face à un film du genre.
D'ailleurs, les meurtres mettent bien longtemps à arriver, enfin après le premier, nous avons effectivement au moins quarante minutes de dialogues mal écrits et de scènes de touche-pipi souvent un peu longues. Heureusement, le tout est rythmé par l'excellente B.O. de Piero Umiliani (la scène d'introduction est par ailleurs géniale, surtout avec tous ces zooms aujourd'hui bien kitsch) mais bon, on s'ennuie quand même pas mal. D'autant plus que l'intrigue tente de mettre en place des twists plus que tirés par les cheveux (une autre caractéristique du giallo pour le coup mais c'est également valable pour n'importe quel polar mal torché) qui ne fonctionne pas, en plus de perdre le spectateur.
Bon, nous ne sommes pas face à un giallo et en plus, c'est assez mal écrit ? Mais alors que reste-t-il ? Eh bien, l'ambiance et Edwige Fenech. Effectivement, j'adore cette ambiance très 70's, qui confère au film un sacré charme, le rendant même plaisant à suivre malgré tous ses défauts, d'autant plus que l'action se déroule dans une maison moderne (pour l'époque) et ainsi très art déco. Quant à Edwigde, elle était un peu partout dans le cinéma de genre italien de cette période et il est agréable de la retrouver ici.
"L'Île de l'épouvante" ou "Cinq filles dans une chaude nuit d'été" n'est ainsi pas le meilleur film du réalisateur même s'il peut rester sympathique par certains aspects.