Toujours un petit bonheur de se lancer dans un de ces films caractéristiques qui fondent la légende des 70’s, surtout si comme ici on en est encore aux prémices, avec une chouette touche de road-movie pour enrober le tout.
On est vraiment à la charnière de deux époques, on retrouve le Kovács d’Easy Rider à la photographie, une petite touche d’errance 60’s, on prépare aussi beaucoup les films désabusés de la décennie qui s’annonce, mais le tout sur un mode un peu mineur à mon goût…
Ca commence pourtant très bien, notre héros est un ouvrier avec un boulot idiot de foreur de pétrole, une poule idiote particulièrement hideuse et des amis idiots pour s’emmerder avec au bowling… n’empêche que la musique d’entrée vous pose joliment l’histoire… En plus, deux très belles idées de scène, avec l’embouteillage et la commande des toasts (deux idées qui serviront de trame au très mauvais Chute libre vingt-trois ans plus tard, d’ailleurs, comme quoi…), on en oublierait presque que la promenade en auto est gâchée par une auto-stoppeuse hystérique et que l’arrivée dans la famille du héros déborde de pathos minable et d’inintérêt constant…
Malheureusement, tout le film repose principalement sur un héros interprété par un Jack Nicholson déjà perclus des tics qui feront plus tard le plus grand de sa célébrité et qui transforme son personnage de paumé en une sorte de connard ultime absolument insupportable de bêtise, d’égoïsme et d’inutilité qui empêche les plus délicats d’entre nous de s’intéresser réellement à ses aventures qui, autrement, auraient pu prendre une portée mélancolique franchement magistrale…
Si vous rajoutez à cela un tâcheron comme Rob Rafelson derrière la caméra, avec des scènes aussi hideuse qu’une tournoyante partie de jambes flasques en l’air et un mal fou pour savoir où placer sa putain de caméra dans un dîner en famille, vous comprendrez facilement pourquoi le film m’a finalement laissé sur ma faim, à tel point que même les deux très belles idées m’ont apparues gâchées à la fois par l’interprète et le metteur en scène ce qui, en cinéma, est quand même le crime de lèse-majesté ultime…