City Hall
7.4
City Hall

Documentaire de Frederick Wiseman (2020)

J'ai été conseillé de voir ce film d'une part par un ami me disant que le réal est un immense documentariste américain, et d'autre part par les Cahiers du cinéma qui en ont fait leurs une de leurs dernier numéros. Néanmoins j'étais un peu hésitant à aller le voir. Un documentaire de 4h30, où, ne connaissant pas le cinéaste, je ne savais pas si à l'instar d'un Michael Moore il n'hésiterait pas à faire un film grossier ainsi que malhonnête pour venter son idéologie.


Je vous rassure il n'est rien de tout ça. Et cela tiens surtout dans la forme du documentaire qui est très intéressante. Aucune voix off, pas de musique pour appuyer un propos ou un autre, mais surtout Wiseman film pendant très longtemps en plans séquences les échanges/monologue que les gens font. Cette quasi absence de montage permet alors aux participants d'exprimer pleinement leurs idées, leurs arguments, de bafouiller, de divaguer, de donner une consistance à leurs propos. Que l'on soit en accord ou non avec d'ailleurs. Je suis très voir quasiment jamais en accord avec ce que les gens disent dans ce documentaire. Mais la forme permet justement de montrer pleinement les idées et donc de pouvoir les critiquer (positivement comme négativement) comme il faut. Wiseman adopte une posture d'observateur (même si le partie prit prodémocrate est évident) ce qui permet alors de soulever le débat sur ce que l'on voit.


Alors certes le choix des séquences n'est pas anodine, la critique envers Trump est présente. Mais sur ce point Trump et sa politique ne sont évoquer que deux fois, et non pour ce moquer arbitrairement mais pour dire le désaccords que ses gens ont envers les changements opérés. Mais oui le film est pro démocrate, la séquence finale le prouve bien, vantant les réussites de leurs politiques. Mais il ne dit pas c'est la bonne chose à faire. Le film par sa forme particulière d'avoir une personne qui parle d'un seul sujet pendant 5 à 10 min permet de s'interroger sur le sujet.


Et les sujets parlons en, car ils constituent à la fois l'un des défauts (assez personnelle) du film mais aussi une autre qualité. Car bon entendre pendant bien 3h des 4h30 des gens parlez de mixité raciale, d'inclusion, d'inégalité des salaires (que je demande à voir, car l'écart n'est pas forcément sur un même emploi mais un écart de salaire en générale, ce qui ne dit pas la même chose du tout), de Latino, de Black, de White, d'Asian, d'Irlandais, du fait que les asiatiques engagent pas les noirs, que être une femme latina c'est dur, que l'immigration c'est super bha au bout d'un moment ça me fait un peu chier. Car heureusement que le film aborde d'autres sujets mais ceux là reviennent tellement souvent que perso à la fin j'étais en overdose. Mais il constitue une qualité cette fois-ci hors diégétique car c'est une excellente photographie de ce qu'est la gauche américaine actuelle. De la prédominance de la question raciale aux états-unis. Mais aussi dans les petits détails comme lors de l'assemblée sur le prochain magasin de canabis qui va ouvrir dans le quartier le plus pauvre de Boston. Un homme noir film entièrement ce qu'il dit et, avec une autre femme, claquent des doigts quand ils sont d'accord ensemble ou avec ce qui est dit. Pour ceux qui connaissent Evergreen cela doit leurs rappeler quelque chose.
Sinon on peut y percevoir une critique assez forte de l'administration. Avec les exemples choisis on comprend que la surcharge de l'administration créer plus de problèmes qu'il n'en résout. Et pourtant cette critique n'est pas didactique, il est présente surtout par le montage et le choix des séquence qui permet d'entrevoir ceci.


Il est aussi intéressant de voir les plans qui ne sont pas dans les bureaux, ceux en extérieur. En plus d'être très beau, magnifiquement bien cadrer, jouant sur les multilignes des bâtiments (tours, immeubles, maison, feu rouge, sol ect...) ainsi que la texture et les reflets de ses éléments (eau, verre, brique, marbre, béton ect...) il montre déjà la ville de Boston mais surtout il appuie qu'est-ce qui ce passe dans ses murs, dans ses bâtiments, les discutions qui y sont menées. Qu'est-ce que c'est que la politique aussi. En tout cas la politique du maire de Boston Marty Walsh. Celle d'une démocratie qui écoute son peuple, travail beaucoup pour les milieux défavorisés comme : les gens de classes moyennes, les sdf, les minorités ethniques, les personnes âgés, les vétérans (scène que j'ai beaucoup aimé)... bref les défavorisés.


Le documentaire est donc fatiguant sur la longue par la redondance de certains de ses sujets. Mais par sa forme, l'intelligence de la distance qu'il prend qui permet un regard critique sur ce qui est dit, le portrait d'une époque qu'il donne. Il en est alors un film très intéressant. Je demande d'en voir d'autre du cinéaste car cette approche du documentaire est assez passionnante.

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le 26 oct. 2020

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