- Content de te voir, mon cher City Hunter. C'est un jour béni, remercions Dieu. Toi et moi, enfin face à face.
- Depuis quand crois-tu en Dieu, Professeur ?
- Depuis que nous nous sommes rencontrés, il y a longtemps sur les champs de bataille. L'ennemi se rapprochait, les bombes alliées sifflaient au-dessus de ma tête. À ce moment-là, pour la première fois, je l'ai remercié de m'avoir gardé en vie. Je suis sûr que tu sais aussi bien que moi ce que je ressens. Nous sommes bien plus proches que tu ne veux l'admettre. Nous sommes de la même race, toi et moi. C'est en faisant ce que nous faisons que nous nous sentons vivre.
- Tu te trompes. C'est ce qui limite tes capacités.
- Possible.
- Moi j'ai d'autres choses plus importantes qui me rattache à la vie.
- Alors c'est toi qui a des capacités limitées!
Goodbye My Sweetheart de Kazuo Yamazaki est un excellent film provenant de la série "City Hunter" et plus précisément du manga : shonen de Tsukasa Hojo du même nom. Cette aventure de City Hunter est tout bonnement géniale, ma préférée d'entre toute. On ressent à travers cette oeuvre une forte volonté de la part des créateurs de transmettre tout ce qui fit le succès de l'anime et du manga. La force de son histoire est qu'elle peut être regardée même si on ne connaît rien à la franchise. City Hunter possède un concept de départ simpliste, Ryo Saeba, garde du corps privé à louer accompagné de sa partenaire Kaori est engagé par une fille magnifique que Ryo doit protéger en contrecarrant les projets d'un méchant qu'il finira par affronter dans un duel aux pistolets. La nuance vient du fait que Ryo est un énorme pervers qui ne cesse de tripoter les belles femmes au désespoir de sa partenaire qui ne cesse de le corriger à coup de massue chaque fois qu'il passe à l'action auprès de la gent féminine.
Ce qui définit City Hunter c'est ce mélange de genre efficace qui combine l'humour potache à un polar noir qui aime prendre son temps pour installer un climat austère le tout servi par de grosses doses d'action à coup de gun fight spectaculaire. Goodbye My Sweetheart est le parfait représentant du charme unique qui constitue City Hunter. Le récit se scinde en deux parties : la première présente efficacement les personnages principaux ainsi que les enjeux qui gravite autour de la cliente "Makaze Emi", sans oublier le mystère entourant l'antagoniste principal "Takeaki", surnommé "Le Professeur"; la seconde partie se transforme en véritable film d'action sous haute vitesse à cause d'une bombe cachée dans un train qui menace d'exploser et de tout réduire en cendres s'il venait à se stopper.
Le travail d'animation est remarquable, les dessins possèdent une forme typique des années 90 aujourd'hui passé de mode que j'adore, à l'opposer de l'animation moderne qui use de beaucoup d'artifice informatique. Un bel exercice de style riche en texture graphique usant de traits fin et appliqué faisant attention aux détails, amenant ainsi un maximum d'ambiance. Le jeu de lumière est magnifiquement nuancé par un filtre de couleur chaud et ambiancé provoquer par la source lumineuse d'un coucher de soleil qui apporte une forme légèrement floue, ou encore l'éclairage urbain des nombreuses rues de Shinjuku. La ville de Shinjuku ainsi que ses habitants est grandement mise en avant par rapport aux autres œuvres basées sur City Hunter. L'atmosphère urbaine de Shinjuku apporte une texture unique à l'animation. Pour une fois, le doublage Vf est bon, surtout autour des antagonistes, chose rare qui méritait d'être précisé. La musique de Yoshida Masara est tout bonnement magnifique, les différents titres inédits amènent de belles sonorités qui confèrent pour certaines des ambiances dramatiquement mélancoliques et pour d'autres du tonus à l'action.
- Tu peux me rendre un service ?
- Je ne veux même pas savoir ce que c'est. Je suis déjà suffisamment occupé par la protection d'Emi. Je ne peux pas courir deux lièvres à la fois.
- Ça va, j'ai compris! Il faut que je te promette une soirée avec moi .
- Bingo ! Ce serait avec joie, mais figure-toi que je préfère la compagnie d'Emi à tes promesses jamais tenues. À la revoyure Saeko ! Là! Là! Là! Là!
- Ryo!
L'action fonctionne très bien avec des batailles de tir et des jeux de cache-cache dans Shinjuku qui maintiennent l'attention. Le film est pourvu de moments mythiques tel que les infiltrations diverses dans le train lancé à pleine vitesse avec Falcon au sniper pour aider un Ryo Saeba projeté à pleine vitesse, ou encore l'épique duel final entre Ryo et Le Professeur. Une lutte sous tension où les deux hommes usent autant de coup de poing que d'armes à feu. Un combat d'égal à égal. Les blagues burlesques et autres bouffonneries sont pleinement divertissantes. La manière dont Ryo finit par accepter le contrat d'Emi Makaze est hilarante. Le cas où il vole des vidéos pornos est amusante, tout comme la descente en rappel dans laquelle il finit par se retrouver devant les parties génitales d'Emi et bien d'autres encore où les marteaux et autres massues vont résonner sur le crâne de Ryo. Un humour que j'embrasse pleinement appartenant clairement à une autre époque, aujourd'hui totalement conspué par les divers mouvements féminins.
Ryo Saeba est fidèle à lui-même avec sa double identité, on n'apprend rien de plus sur lui mais on profite toujours autant de son adresse au tir avec son fameux Python, ses compétences de pilote avec sa fameuse Mini Cooper Mk-I rouge, ainsi que ses pitreries perverses. Kaori, personnage castratrice au possible est amusante, la romance entre elle et Ryo est ici laissé de côté pour pleinement ce centrer sur le récit d'Emi. On retrouve la team avec Falcon Umibuzo qui fait le taf, Nogami Saeko qui ici ne parvient pas à mener par le bout du nez Ryo à coup de compromis fallacieux, ou encore Miki, la protéger de Falcon et Erika, chef des prostituées. Ensemble ils résouds certains problèmes en faisant des personnages utiles. Le relationnel entre les divers habitants de Shinjuku est une réussite totale.
Emi Makaze est un personnage attachant qui n'est pas qu'une potiche, elle entretient un lien particulier avec son frère, le mystérieux terroriste appelé Takeaki dit : "Le Professeur". Takeaki est de loin le protagoniste le plus intéressant, doté d'une esthétique splendide et d'un savoir-faire flippant dans l'art de faire des ravages (avec l'aide de deux complices), toujours sous un visage impassible qui traduit un malêtre chez ce personnage qui cherche avant tout à trouver celui qui pourra le tuer, tant il n'attend plus rien de ce monde pourrie. Un tueur tragique qui fait office d'excellent adversaire pour Ryo qui va bien galérer face à lui et en prendre plein la tronche, au point de survivre à sa confrontation par un heureux coup du hasard. Nicky Larson ne craint personne, sauf, Takeaki. Les flashbacks entre Takeaki et sa petite soeur Emi sont magnifiquement orchestrés, dans une mouvance poétique subtile et touchante. On comprend que Takeaki voulait mourir à côté, ou avec, cette fameuse chérie, la seule personne à qui il a dit autrefois "aurevoir". Emi, la seule personne qu'il considère encore comme étant pure. Les adieux qu'il fait au seuil de la mort à soeur ainsi que l'échange de regards respectueux avec Ryo, toujours accompagné d'une musique somptueuse offrent pour ce personnage une conclusion somptueuse.
CONCLUSION :
Goodbye My Sweetheart de Kazuo Yamazaki est un excellent film/épisode, intense dans le propos présenté qui amène beaucoup plus de sérieux qu'à l'habitude, même si l'amusant humour potache propre à la licence reste présent. Le climax est particulièrement saisissant à travers une animation typique des années 90 portés par des personnages amusants avec en tête l'antagoniste principal. 1h30 de pur plaisir qu'on ne voit pas passer via une intrigue efficace où l'action va bon train.
Excellent de bout en bout, le meilleur cru venant de l'univers de Tsukasa Hojo.
- Je vais partir... Je vais emporter avec moi mon seul trésor, l'image de ton visage. Une dernière fois, s'il te plaît, éclaire-le d'un sourire.
- Non, Takeaki ne part pas!
- Merci petite soeur. C'est parfait.