City of Darkness
6.9
City of Darkness

Film de Soi Cheang (2024)

La France a l’air de découvrir brusquement l’existence du cinéaste hongkongais Soi Cheang, actif depuis plus de 20 ans, mais sous le feu des projecteurs depuis la sortie en France, deux ans après son pays d’origine, du très surcoté Limbo. Alors que le prolifique réalisateur a déjà tourné trois autres longs métrages, et que Mad Fate est encore en salle (depuis le 17 juillet) voici City of Darkness, sympathique film sur l’univers de la pègre des années 80. Le ton change un peu par rapport à la noirceur complaisante de Limbo et les élucubrations sur le destin de Mad Fate, dont il garde un goût salvateur pour un certain second degré. L’intrigue, ne brillant pas par son originalité, confronte ainsi chefs de gangs, identité à garder secrète, rivalité historique et vengeance ostentatoire, avec son lot de trognes et de caractères très proche de l’univers de la bande-dessinée qu’il adapte.


C’est du côté de la réalisation que le spectateur ira chercher de quoi se ragaillardir, et Soi Cheang saura précisément le contenter. En alliant la brutalité et l’unité de lieu d’un The Raid, les défis à l’apesanteur de Tigres et Dragons et les délires au cartoonesque croissant d’un Shaolin Soccer, Cheang s’amuse dans un show qui brille par sa générosité. Si le rythme en souffre un peu, la belle ouverture s’essoufflant un temps dans des bavardages à rallonge, la mission est remplie et l’inventivité qui fait défaut à l’intrigue se trouve compensée par celle dédiée aux combats qui mobilisent à peu près tout le mobilier et les accessoires à porter de main.


Mais la véritable réussite du film tient surtout à son décor, la Citadelle de Kowloon. Érigée comme une tour de Babel qui aurait basculé vers Babylone, c’est autant une cité fortifiée qu’un agrégat de bidonvilles, qui vit selon ses propres règles et fait de ceux qui en connaissent le dédale de redoutables adversaires. Coursives, puits, toits et cloisons ouvertes à toutes les traverses, c’est de toute évidence le personnage principal du film, faisant l’objet d’une direction artistique assez fascinante. Le symbole métaphorique d’un lieu à l’abri de la loi Britannique le transforme en îlot où la criminalité la plus crasse partage les terres avec des personnages épris d’indépendance, et la porosité du milieu en fait un véritable arbre à chats pour combattants enragés. De quoi animer bien des contorsions, et excuser bien des scories.

Sergent_Pepper
7
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le 14 août 2024

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Sergent_Pepper

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