Un documentaire ? Non, mais un document bouleversant que nous livre Chuan Lu pour son troisième long métrage.
1937 : l'armée impériale japonaise vient de prendre la capitale provisoire de la République populaire de Chine, et à cet égard les premières scènes nous montrant la lutte désespérée de Liu, officier de l'armée nationaliste, pour endiguer la panique des troupes chinoises abandonnées par leur état-major sont absolument saisissantes : gros plans sur le visage du jeune homme et de l'enfant soldat qui fait partie de son unité.


Captures, exécutions massives, tout homme chinois en âge de combattre doit être exécuté : Lu sera tué et seuls deux survivants, dont le jeune garçon, pourront rejoindre la zone de sécurité de Nankin tenue par John Rabe, homme d'affaires allemand, membre du parti nazi, délégué par le IIIe reich.
Mais cette protection est plus que fragile, et celui qu'on a souvent comparé à Schindler ne dispose que de faibles moyens, soutenu dans sa tâche par son secrétaire chinois, Tang, et un jeune professeur Mlle Jiang.


Et des exactions atroces il y en aura, les troupes japonaises faisant irruption dans la zone protégée, violant et tuant femmes et enfants.
Le réalisateur toutefois fait intervenir un jeune sergent, Kadokawa , accessible aux sentiments humains, à l'amour, bouleversé par la violence qui l'environne, mais tiraillé par des pulsions contradictoires.


Alors, bien sûr une question se pose : pourquoi Lu Chuan a-t-il doté ce Japonais d'une nature aussi positive et bienveillante ?


Sa réponse nous éclaire sur une impartialité et une sincérité sans faille: " j'ai lu beaucoup de documents sur le massacre de Nanjing, et j'ai trouvé que les Japonais sont tout simplement comme nous : des humains avec leurs sentiments, et non des bêtes sauvages comme on les a souvent présentés et imaginés. Avec Kadokawa, je voulais seulement montrer un aspect réel de la nature humaine."


Un film tourné volontairement en noir et blanc dont la scène la plus forte reste sans doute pour moi en tout cas, celle de ces femmes sacrifiées pour le "réconfort" des soldats japonais, violées puis jetées nues et entassées comme des ballots devenus encombrants sur des charrettes de fortune.
Impressionnant !

Aurea
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Scènes de mes rêves à jamais..., La guerre ou quand l'horreur devient presque "belle" et Les meilleurs films de guerre

Créée

le 1 juin 2012

Critique lue 1.5K fois

64 j'aime

35 commentaires

Aurea

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

64
35

D'autres avis sur City of Life and Death

City of Life and Death
SanFelice
10

Nankin, capitale de la douleur

1937. Le Japon se lance dans une nouvelle guerre d'invasion de la Chine. Après Shanghaï, les troupes de Hirohito attaquent Nankin, "la Capitale du Sud". En décembre 1937, le gouvernement chinois...

le 30 nov. 2012

42 j'aime

11

City of Life and Death
Sergent_Pepper
7

City fights

Le carton initial (“en hommage aux 300.000 morts de Nankin”) met les pieds dans le plat de toutes les questions les plus délicates du film historique : ce nombre de victimes, âprement discuté depuis...

le 5 mai 2018

18 j'aime

1

City of Life and Death
takeshi29
8

Une page inconnue de l'histoire magnifiquement filmée

Une page sombre de l'histoire sino-japonaise magnifiquement mise en images par le très doué Lu Chuan. La pureté esthétique, la sobriété de la réalisation renforcent le sentiment d'effroi qui nous...

le 19 mai 2011

12 j'aime

1

Du même critique

Rashōmon
Aurea
8

Qu'est-ce que la vérité ?

L’Homme est incapable d’être honnête avec lui-même. Il est incapable de parler honnêtement de lui-même sans embellir le tableau." Vérité et réalité s'affrontent dans une oeuvre tout en clair...

le 30 oct. 2012

424 j'aime

145

Call Me by Your Name
Aurea
10

Parce que c'était lui...

Dans l'éclat de l'aurore lisse, De quels feux tu m'as enflammé, O mon printemps, mon bien-aimé, Avec mille et mille délices! Je sens affluer à mon cœur Cette sensation suprême de ton éternelle...

le 23 févr. 2018

372 j'aime

278

Virgin Suicides
Aurea
9

Le grand mal-être

J'avais beaucoup aimé Marie-Antoinette de Sofia Coppola, j'ai regardé sur Arte, Virgin Suicides, son premier film qui date de 1999, véritable réussite s'il en est. De superbes images pour illustrer...

le 30 sept. 2011

362 j'aime

114