En allant voir ce Civil War, je n'avais pas d'attentes particulières, hormis voir un film sur la deuxième (et très proche) guerre de Sécession. Autrement, je n'en ai un peu rien à foutre du cinéma d'Alex Garland.
Civil War est-il un bon film ? Je suis très mitigé.
En fait, mon principal reproche vient du fait que c'est un film sur une guerre civile mais où le contexte politique est tenu à son minimum. On devine tout juste qu'un simili-Trump est parti pour un 3° mandat et qu'une alliance militaire (assez improbable) entre États progressistes et conservateurs s'apprêtent à entrer dans Washington D.C. Pour explorer les fractures de l'Amérique post-Trump, le film prend le parti de montrer un road-movie, virant rapidement à l'horreur, d'un groupe de reporters de guerre. De là, découle une succession de scènes de tensions plus grandes, jusqu'au climax : la prise de la Maison Blanche !
Le film ne parle pas des fractures de l'Amérique. Les "fractures" sont tenues à leur minimum et ne sont pour ainsi dire pas explorer par Garland, alors qu'il met en scène un groupe de journalistes. Des personnages qui ont une sorte de prédisposition à explorer celles-ci. Là, rien. On avance d'un point A à un point B en passant par C, D et E, avec chaque fois, un clip musical faisant office de transition entre deux situations, entre de scènes de tension. Parce que, le film se construit davantage sur ces scènes de tension que sur son contexte politique. Je ne dis pas que c'est un mal en soi. La scène avec les suprémacistes blancs adeptes du nettoyage ethnique est vraiment prenante. Pareil, pour le combat de snipers dans un golf, avec l'aspect "on ne sait pas sur qui on tire mais il faut tuer". Le contexte politique est mis au second plan, laissant entre voir des drapeaux libertariens à un moment, à un autre des boogaloo boys dans une scène de guerre urbaine. Autrement, c'est le vide de ce côté là. C'est juste un prétexte pour montrer un film de guerre... Un film qui explore bien mieux les fractures politiques de l'Amérique serait The Sweat East, sorti cette année, qui a pour lui de vraiment sauter les deux pieds dans le plat sur le plan politique !
Sur l'aspect film de guerre, c'est comme dire... correct... sans être bien, c'est regardable. Il y a quelques scènes de combats prises du point de vue des journalistes qui sont intéressantes (la scène avec les Boogaloo Boys) mais le final est assez anti-climatique. On est sur un bon quart d'heures de guerre urbaine, sans intensité, avec simplement le bruit qui sonne "réaliste". On est sur un genre de Dark Thirty Zero x La chute de la Maison Blanche... rien de bien neuf (en plus pas toujours très bien filmé). Il y a une claire volonté de nous plonger dans l'action, de nous faire sentir le conflit et l'intensité des combats. Mais ça ne fait pas mouche. Peut-être parce que cette forme d'immersion n'est pas la plus pertinente. Des films comme Flandres ou comme La ligne rouge montrent bien mieux la brutalité de ce qu'est faire la guerre que ce film (au pire vous pouvez toujours regarder des vidéos des combats sur le front ukrainien !). Un certain manque d'intensité du point de vue guerre se fait très vite ressentir malgré une mise en scène (très) putassière sur le sujet.
Pour ce qui est de nos quatre personnages principaux, j'ai assez rapidement fait les jeux avec moi-même pour savoir lequel allait crever en premier et ça n'a pas manqué... Ensuite, entre chaque scène de tension où la jeune découvre ce que c'est que la guerre et d'être photographe de guerre, on a petit développement sur la personnalité de chacun. Et tout sonne très artificiel. La structure du film, le road-movie, est déjà très artificielle en soi mais ça se ressent vraiment avec le développement des personnages. Tout est prévisible de bout en bout, qui va crever et comment. Et c'est assez emmerdant.
Le meilleur personnage (soit celui qui en impose le plus à l'écran) est le suprémaciste blanc joué par Jesse Plemons, qui fait réellement flippé. Le film tournant à l'horreur (genre de prédilection de Garland si je ne dis pas de connerie) et on en revient à son principal problème mais qui là, devient très positif (si seulement ça n'avait été qu'une seule fois).
Finalement, c'est un film artificiel, qui ne parle pas de son sujet, préférant enchaîner des scènes de tension, dans un road-movie de guerre, sans vraiment y arriver.