Civil War dépeint une dystopie américaine qu'est une nouvelle guerre civile. Dystopie qui n'a jamais semblé si plausible depuis la présidence Trump et l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021, chambre de la démocratie américaine.
Si Civil War reste extrêmement prudent sur l'aspect politique, aucun élément tangible nous est donné notamment les raisons de cette guerre civile et le temps que celle-ci dure, des pistes sont lancées par le scénariste-réalisateur Alex Garland.
Déjà comme je le disais en introduction, les événements de la fin de la présidence Trump en 2020/2021 sont dans toutes les pensées d'autant plus avec la perspective de l'élection américaine 2024 où Trump fait figure de favori. Mais cela relève de l'implicite.
Dans le récit fictionnel de Civil War, le Président en est à son troisième mandat, a démantelé le FBI et est responsable de bombardements sur des civils. Ces éléments anticonstitutionnels et indignes, auraient menés à une extraordinaire coalition rebelle nommée les forces de l'Ouest composée de la Californie et du Texas, États fédéraux que nous savons dans notre réalité en totale opposition idéologique.
C'est dans ce contexte que nous suivons quatre protagonistes, reflètant un peu trop le cahier des charges, qui entament depuis New-York un road-trip survivaliste afin de réaliser "la dernière interview" du Président des États-Unis d'Amérique à Washington DC. Car si Civil War traite d'une guerre civile et de ses conséquences humaines et humanitaires, le propos du film se concentre sur le journaliste et plus encore sur la photographie de guerre. Axe extrêmement captivant, où le photographe à la fois journaliste et charognard, se rend sur le front et y suit la chorégraphie des combats qui opposent des forces que, nous spectateurs, ne parvenons pas toujours à identifier, afin d'obtenir de précieuses mais terribles photographies.
Ces photographies sont d'ailleurs présentées à la fois comme gagne-pain et support d'une vie dopée à l'adrénaline.
I've never been so scared in my entire life. And I've never felt more alive.
Mais aussi en tant que preuves qui viendront illustrer les livres d'Histoire et les pages Wikipédia et comme vains avertissements comme voulait le croire la protagoniste principale Lee, convaincante Kristen Dunst.
Every time I survived a war zone, I thought I was sending a warning home - "Don't do this". But here we are.
Ce propos du film est passionnant et ce jusqu'à la dernière séquence. Vingt minutes haletantes que constitue l’assaut des forces de l'Ouest à Washington afin de faire tomber la Présidences des États-Unis d'Amérique en exécutant son Président. Le film se termine très intelligemment sur la photographie finale, point d'orgue du reportage des protagonistes, où un cliché devient Histoire mais aussi outil de propagande. L'Histoire est écrite et dépeinte par les vainqueurs.
L'intrigue du film en elle-même est moins réussie. En effet les scènes se suivent grossièrement et les protagonistes se retrouvent face à un éventail de menaces par toujours très pertinentes (le village de Noël).
Le sacrifice final que caractérise le dénouement narratif des personnages de Lee et Jessie est à la fois franchement grotesque dans sa mise en scène, le ralenti, et dans sa symbolique, la transmission.
Enfin, on aurait aussi pu espérer un propos plus politique, plus engagé, qui aurait permis au film de prendre une totale envergure cinématographique.
Dystopie qui n'a jamais semblé si réelle, Civil War est un film rondement menée, où la réalisation, le suspense et le propos de la photographie de guerre valent le visionnage. On pourra regretter cependant l'aspect apolitique de l’œuvre et la narration un peu trop forcée.