Alex Garland a l’intention de nous plonger au coeur d’une guerre civile. Bien tenté, malheureusement il se heurte à une histoire dépourvue de contexte et à un traitement superficiel des enjeux politiques mis en place. D’entrée on nous présente le président (le seul à brièvement s’exprimer sur le conflit) et le gouvernement comme les antagonistes. On élimine toute l’ambigüité du conflit.
On ne sait pas grand chose de cette guerre civile. La guerre nous est seulement présentée à travers le prisme des protagonistes. Cette approche limite grandement la compréhension de la guerre et rend les scènes d’action dépourvues de sens et d’impact. Nous proposer ce genre de scène sans jamais nous montrer les opposants et comprendre quels sont les différents partis est vide de sens et sans grands enjeux.
D’ailleurs la présence du président à Washington est sacrément illogique. Il n’existait aucune cachette pour le mettre en sécurité et éviter un assaut tel que celui-ci. Bref.
L’idée de suivre des photographes de guerre pour la presse aurait pu offrir une perspective intéressante mais elle est mal exploitée. Les journalistes sont dépeints de manière unidimensionnelle, dépourvus de profondeur et de nuance. Ils ne semblent exister que dans le simple but d’exercer leur fonction sans rien proposer de de plus, que ce soit une réflexion sur l’utilisation de la presse, le choix des photos, la réception du public, tous ces éléments manquants déshumanisent nos protagonistes, les rendant très immatériels.
Le métier de journaliste est idéalisé, sans aucune remise en question sur l’idée et l’origine de ce métier, le transformant en simple décor.
Les personnages eux-même se conforment à des archétypes bien précis dépourvus de saveur : celui qui a soif d’adrénaline, le sage, la cheffe et sa pupille. Même leurs rencontres avec les personnes qu’ils rencontrent ont du mal à insuffler de la vie à l’histoire, à l’exception de la scène avec Jesse Plemons, qui est une des rares scènes réussissant à mettre en place de la tension à travers un personnage nationaliste et cruel, attendant la moindre réponse de travers pour tuer.
Cette superficialité fait qu’on ne se sent que très peu concerné par ce qui se passe à l’écran. C’était une bonne idée de nous immerger dans la guerre à travers les journalismes. Mais le sort qui est réservé à nos personnages n’a que très peu d’importance à nos yeux. Les scènes d’actions sont d’autant moins impactantes à cause d’une mise en scène terne voire laide, manquant cruellement d’originalité.
On note tout de même quelques idées intéressantes, notamment le fait de faire de la caméra l’arme du journaliste, dans laquelle il faut viser et tirer au bon moment pour capturer l’instant souhaité. Jusqu’au moment où la jeune tirera sur son mentor lors de la scène finale.