Alex Garland est un grand pourvoyeur de plans déments, tour à tour beaux, intrigants, impressionnants. Han han. Mais, comme c'était le cas avec sa décevante série Devs, au delà d'un pitch génial et d'une proposition visuellement assez folle, cela ne raconte pas grand chose. Quand on regarde en arrière sur la carrière du bonhomme, on commence d'ailleurs à voir un pattern se dessiner. Même si j'avais beaucoup aimé la proposition d'Ex Machina.
Alors, est-ce parce qu'il a déjà beaucoup écrit (et bien), pour les autres au cinéma ou pour lui-même en format bouquin, qu'il préfère maintenant le contenant au contenu ? Peut-être. Toujours est-il que ce qui m'avait déjà dérangé par le passé chez lui m'a vraiment déçu ici. Encore une fois, c'est bourré de scènes visuellement folles, et les acteurs sont solides ; à l'inverse de Devs, où Sonoya Mizuno et Karl Glusman étaient indigents, mais n'ont ici qu'un micro rôle. Ce qui me fait rester sur un 6, parce que j'ai passé un bon moment de ciné, rien à dire sur le spectacle. Mais au final, on se retrouve à enchaîner des "sketchs" dérangeants ou violents, sans liens réels, avec des personnages qui restent fades et dont on comprend mal les décisions.
Surtout : comment un film nommé Civil War, avec ce pitch de départ, dans le contexte que l'on connaît, peut-il ainsi ne rien raconter ? Je trouve ça à la limite de l'irresponsabilité, franchement. On a tous compris que le Président du film, c'était Trump. La référence bien lourde à la "tuerie des antifas" ne laissent pas beaucoup de doute sur comment tout cela a commencé, d'ailleurs. Alors pourquoi ne pas donner des enjeux clairs ? Expliquer en trois minutes qui est qui, donner un peu de contexte ? Et surtout : tenter de passer un message ?
Ici, quel est le message ? Les photographes de guerre sont des voyeurs psychopathes ? La guerre c'est mal ? Il y a des méchants "on both sides" ? Je vous jure, je ne suis pas au clair.
Cela me rappelle Far Cry 5, qui avait clairement joué toute sa promo sur une parodie de "redneck chrétien intégriste et raciste du mid west" tout ça pour mettre des ennemis "diversifiés" dans le jeu final et flouter complètement les enjeux, pour ne pas froisser ses joueurs racistes du midwest. Quel courage. "No politics in our games." Quelle connerie. Tout est politique.
Bref, pour finir sur ma comparaison pourrie en titre : Civil War, c'est comme François Civil. C'est très beau, hein, mais ça ne raconte pas grand chose. 6/10.