Sur Cléo de 5 à 7, il y a deux choses à dire : la première, c'est l'engagement féministe d'une des plus grandes réalisatrices françaises, la dénommée Agnès Varda.
La deuxième, c'est que ce film raconte sans spectacle la lente prise de conscience de l'ennui profond, doublée d'une impasse comportementale. Cléo est en tous points le souhait même du patriarcat : elle sexuelle et sexualisé jusqu'au bout, et pourtant ce n'est pas son souhait. Enfin si, peut-être, mais pas de cette façon, pas avec cette pression.
Pour moi, c'est cela que le film met en relief et ce n'est pas une simple trajectoire de vie. Pour moi, le fait qu'on suive Cléo quasi en instant réel - un instant qui ne triche ni avec le temps et les distances - multiplie l'impact des violences qu'elle subit insidieusement. En l'espace de deux heures, on ne voudrait pas être à sa place et ne jamais avoir sa vie si parfaite.
Alors naturellement, ce n'est pas un féminisme politique. Il est clairement dénonciateur. Mais bon, c'est une des nombreuses attitudes féministes récurrentes au cinéma, à savoir rester dans la dénonciation sans prendre part au débat que la dénonciation présuppose. Ce fut, par exemple, sur de nombreux sujets, la position de Beauvoir : la démonstration de la nécessité du féminisme. J'avoue que ça tourne à vide. Mais Varda a toujours tourné à vide, avec un essentialisme, un humanisme, à tout crin, qui ressemble à un tracé de mort cérébrale.