Cléo de 5 à 7 par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Cléo est une jeune et jolie chanteuse à succès mais cette situation lui est montée quelque peu à la tête. Cette femme frivole, capricieuse et déconnectée des réalités de la vie, vient de subir une biopsie à dix-sept heures et doit en connaître le résultat pour dix-neuf heures. L'attente est longue pour Cléo.
Dans ces moments là, les minutes comptent doubles et l'anxiété l'envahit. Pour tromper le temps, elle va tenter de lui échapper au maximum, en errant entre autre dans les rues. Elle fera la rencontre d'un jeune appelé, marqué par les visions de tortures et d'horreurs vues en Algérie durant la guerre. Sa vision de la vie va alors changer durant les deux heures que va durer cette épreuve ...


Cette étude d' Agnès Varda est absolument remarquable. L'intrigue est filmée en temps réel, ce qui permet de suivre les instants d'angoisse et d'incertitude dans les moindres détails. Cléo va se remettre en question par crainte de la maladie et de ne plus pouvoir séduire, elle qui est une chanteuse adulée.
Durant ces deux longues heures, elle va être elle-même, ôtant sa perruque et se regardant dans une glace, non maquillée. Elle va enfin prêter attention à l'attitude des autres et sa rencontre fortuite avec un jeune et charmant appelé du contingent, indigné par l'intervention en Algérie, est magnifique de vérité. La jeune femme découvre enfin le monde tel qu'il est et se découvre telle qu'elle est

La réalisatrice décrit minutieusement, dans un style simple et naturel, la manière dont chacun de nous est susceptible de réagir lorsque le doute et l'angoisse frappent à la porte. On envisage souvent le pire et Cléo se passe et se repasse sans cesse des images dramatiques. Il faut bien sûr tenter de les chasser et, au détour d'une pensée, d'une rencontre, elle y parvient pour quelques instants et pour elle ces moments de répit sont énormes.


Corinne Marchand est divine dans ce rôle si particulier . Elle est très grande et en même temps très fragile dans sa détresse, elle nous bouleverse tout au long de son difficile parcours et nous captive dans la peau de son personnage lumineux devenu soudain en perdition dans un tourbillon d'anxiété et de peur du lendemain.
Ce chef-d'œuvre nous fait réfléchir sur la fragilité du bonheur et de la gloire quelque soit notre condition. Pour les anxieux que parfois nous sommes, ce film est également un véritable hymne à la vie et à l'espoir auquel contribuent grandement Antoine Bourseiller, jeune militaire sincère et émouvant, et Michel Legrand interprétant son propre rôle et de plus compositeur de la très belle musique du film. Ce moment de déambulation servi par de très belles photos nous serre la gorge par son extrême réalisme.


Voici donc une peinture très réussie de la vie telle qu'elle est, passant le plus souvent des nuages à la lumière, telles des giboulées de mars. Agnès Varda en réalisant ce film a franchement vécu ses personnages pour leur apporter toute son affection.


Corinne Marchand : "Cléo de 5 à 7"
http://www.youtube.com/watch?v=bfNVXfE-E44

Créée

le 1 févr. 2014

Modifiée

le 20 mai 2013

Critique lue 3.2K fois

75 j'aime

15 commentaires

Critique lue 3.2K fois

75
15

D'autres avis sur Cléo de 5 à 7

Cléo de 5 à 7
Grard-Rocher
9

Critique de Cléo de 5 à 7 par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Cléo est une jeune et jolie chanteuse à succès mais cette situation lui est montée quelque peu à la tête. Cette femme frivole, capricieuse et déconnectée des réalités de la vie, vient de subir une...

75 j'aime

15

Cléo de 5 à 7
Before-Sunrise
5

Corinne marchant

C'est beau, c'est noir et blanc, c'est Nouvelle vague ! Quelle belle période bénie que les années 60 dans le cinéma français. Agnès Varda représentant fièrement le cinéma féminin face à des Godard ou...

le 11 juin 2012

31 j'aime

4

Cléo de 5 à 7
Caledodub
7

Florence de 5 à 7

Quand j'ai appris le décès d'Agnès Varda, je me suis dit qu'il serait enfin temps de m'intéresser à son œuvre. Et merci Arte d'avoir eu la bonne idée de proposer Cléo de 5 à 7 sur son site. J'avoue...

le 31 mars 2019

21 j'aime

8

Du même critique

Amadeus
Grard-Rocher
9

Critique de Amadeus par Gérard Rocher La Fête de l'Art

"Pardonne Mozart, pardonne à ton assassin!" C'est le cri de désespoir d'un vieil homme usé et rongé par le remords qui retentit, une triste nuit de novembre 1823 à Venise. Ce vieil homme est Antonio...

178 j'aime

68

Mulholland Drive
Grard-Rocher
9

Critique de Mulholland Drive par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En pleine nuit sur la petite route de Mulholland Drive, située en surplomb de Los Angeles, un accident de la circulation se produit. La survivante, Rita, est une femme séduisante qui parvient à...

172 j'aime

37

Pierrot le Fou
Grard-Rocher
9

Critique de Pierrot le Fou par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Ferdinand Griffon est entré malgré lui dans le milieu bourgeois par son épouse avec laquelle il vit sans grand enthousiasme. Sa vie brusquement bascule lorsqu'il rencontre au cours d'une réception...

159 j'aime

47