Y'a que Burton dans l'aigri fait du mandat rien.

J'avoue un peu honteusement avoir toujours eu de ce film un souvenir un peu mitigé, quelque chose qui ne fonctionnerait pas tout à fait, un duo d'acteurs trop limites pour porter un si gros film et pas mal de boursoufflures.

Le revoir vingt ans après, sur le grand écran du Forum des Images, permet de de réhabiliter un peu le film, tout en conservant, en plus légers, les défauts de ma première vision.

La première moitié du film est plutôt formidable, Rex Harrison, est grandiose, comme à son habitude, il nous campe un César passionnant, et le film propose merveilleusement un mélange de sensualité, de tensions politiques complexes, de comédie sophistiquée, de reconstitution grandiose et de spectacle sous toutes ses formes, aboutissant à la formidable arrivée de Cléopâtre à Rome. Le casting est impérial, les dialogues sont superbes, et Mankiewicz se sort parfaitement de la gageure qui lui était proposé : reprendre au pied levé un film épique au budget pharaonique et le tourner le jour tout en le réécrivant la nuit. A noter une utilisation géniale de l'ellipse pour toutes les parties de l'Histoire déjà filmée par Mankiewicz dans Jules César qui se permet ainsi de trancher dans les vifs parmi les événements les plus célèbres.

Le seconde partie, c'est après l'entracte, donc, c'est sympa les entractes, ça faisait vingt-cinq ans que j'en avais pas eu au cinoche, c'était pour les dix commandements à l'époque, mais bon, le vieux n'était pas obligé d'en profiter pour rapprocher sa moustache salace des délicates épaules de Gizmo, il y avait assez de places comme ça autour !
Et sinon, pour information, d'aucuns pourraient penser que les cachous Opale Islandais sont à l'abomination solide ce que la boisson du même nom est à l'abomination liquide, ce serait oublier un peu vite la regrettable existence des pastilles digestives à l'absinthe du musée d'Orsay et leur improbable saveur d'anti-moustiques...

Bref... La seconde partie se recentre sur Marc Antoine et Cléopâtre, et là on oublie la petite touche de comédie qui faisait le sel de la première et on fonce dans la passion plus sauvage, mais aussi, moins réussie. Liz Taylor est bien mieux que dans mes souvenirs, elle entame sa période dodue (appétissante, me souffle Gizmo) et balance les phrases assassines avec un plaisir communicatif. Après, c'est aussi 65 robes différentes, le maquillage d'une péripatéticienne d'Europe de l'Est et des perruques par dizaines... Richard Burton ne s'en sort pas si mal, mais il lui manque du souffle, une portée tragique, peut-être un peu de prestance, même pour jouer un rustre alcoolique. Un Marc Antoine frustré qui torche son triumvirat, c'est déjà pas beau à voir, inutile d'en rajouter trop... Et puis surtout, surtout, sa jupe est au moins trois centimètres trop courte.

Le problème, c'est que la seconde partie, en se concentrant sur le couple, le faux et le vrai qui est en train de naître au même moment, perd un peu la force historique de la première partie. J'ai un peu l'impression que les scènes épiques sont baclées, que la bataille d'Actium méritait mieux, et c'est un peu dommage.

Reste que le film dans son entier est un grand spectacle passionnant qui a réussi à ne faire dormir Gizmo que deux micro-secondes, ce qui, sur 4h30, vous l'admettrez, reste très raisonnable. Enfin, je dis 4h30 parce que c'est ce qui est marqué, en vrai, la séance n'a pas dépassée les 4h12, et ça frise le scandale !




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le 7 nov. 2011

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Torpenn

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