Kevin smith réalise Clerks pour 27.000$ et crée une comédie singulière basée essentiellement sur les dialogues et certaines situations, mais en contrastant la comédie par une réalisation très sobre, assez sombre même, faite de longs plans statiques qui renvoient à l'inertie de la vie des protagonistes . Le noir et blanc renforce encore cette sensation de pesanteur, de lourdeur, et jusque dans son rythme, d'une certaine mélancolie qui souligne en la contrastant tout le comique du film. C'est une sorte de "Désert des Tartares" rigolo, fait d'attentes et d’échecs.
Ça se passe au coin de ta rue. Juste là, sous tes yeux. Il y a toute la jeunesse d'une génération et des suivantes qui y traîne les pieds dans des jobs sans intérêts ou en fumant de la beuh et qui essaye de faire passer le temps en se racontant des histoires sur des histoires. Les histoires, c'est comme une manière de vivre par procuration en attendant que quelque chose vous arrive.
En fait, Clerks, c'est le seul film comique grunge; un film qui sent comme l'esprit adulescent. C'est un film pour la génération X et les suivantes, un film qui nous ressemble: désespéré mais toujours drôle, un peu geek, un peu cynique, rempli de paumés magnifiques et d'horizons coincés par des façades de magasins.