D’une rare justesse, l’exploration du désir et l’éveil à la sexualité d’une jeune adolescente…

Solange, 15ans, grandit auprès d’une mère dépressive et d’un père absent. Livrée à elle-même, elle découvre cet été-là son corps, le plaisir et surtout le désir qu’il suscite chez les hommes. C’est un véritable bouleversement qui s’opère aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de son corps. A l’aube de son émancipation, elle se retrouve confrontée à l’apprentissage chaotique de sa féminité et de sa sexualité…


Le réalisateur Rodolphe Tissot adapte ici le roman éponyme (publié en 2011) de Marie Darrieussecq et nous raconte l’éveil à la vie amoureuse et sexuelle d’une petite fille qui se retrouve tiraillée entre ses hormones en ébullition et le désir des hommes auquel la jeune fille ne saura pas dire non (on peut clairement parler de consentement forcé, la fameuse « zone grise » dont il était déjà question dans Les Choses humaines - 2021). Il y est question d’émancipation, d’amour, de découvertes et de désillusions. Clèves (2021) nous immisce dans l’intimité d’une jeune adolescente, à mi-chemin entre l’enfance et le monde des adultes, pas encore mature et naïve, en plein apprentissage de sa sexualité.


Ce parcours initiatique montre le monde de l’adolescence comme rarement le cinéma ne l’aura fait jusqu’à présent, on y parle des règles, de masturbation, de fellation, de sodomie et d’avortement. Solange est à la recherche de son désir et pour cela, elle va s’essayer à toutes sortes d’expériences, quitte à se briser les ailes, en prenant conscience de son propre pouvoir de séduction auprès des hommes et la brutalité de ces derniers (aucune empathie pour certains, la considérant comme un bout de viande pour d’autres).


Clèves (2021) est une très belle adaptation qui, contrairement au roman d’origine, ne situe plus l’action dans les années 80, mais à l’ère post-#MeToo. Cru et dérangeant pour certains (le film ne laissera pas indifférent) mais superbement interprété par la jeune (mais prometteuse) Louisiane Gouverneur au côté de Vincent Deniard. La réalisation est soignée et respectueuse envers ses comédiens, comme en atteste la présence de Maryam Muradian, une "coordinatrice d'intimité" qui a su les mettre en confiance lors des nombreuses scènes de sexe.


D’une rare justesse, le film aborde d’une très belle façon l’éveil à la sexualité d’une adolescente et aussi (et surtout) le consentement forcé de la part d’une jeune fille qui se cherche, se questionne et n’ose pas dire non.


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le 15 août 2022

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