Climax m'a rassuré… enfin, pas le film lui-même, parce que j'ai vraiment du mal à voir comment on pourrait se sentir rassurer en ressortant de ce film ; mais rassuré par rapport au cinéma de Gaspard Noé. Ayant visionné Love récemment, du même réalisateur, c'est peu dire qu'il m'a déçu. Climax m'a donc rassuré avec le cinéma de Gaspard Noé dans le sens où j'ai retrouvé un cinéma qui me parle davantage… ainsi qu'un véritable successeur à Enter the Void.
Le film est scindé en deux parties. Une première posée, posée dans le sens où aucun drame ne survient, mais posée aussi dans le sens du cadrage, puisqu'on commence par voir les personnages du film être auditionnés (connaissant le réal', ce ne serait pas étonnant que la plupart de ces mêmes interviews aient été improvisées). Une seconde bien plus irreversiblesque, où notre joyeux petit monde s'entredétruit et dans laquelle la caméra est constamment en mouvement. Dit comme ça, on pourrait croire que le film ne démarre vraiment qu'une fois arrivée dans cette seconde partie, mais ce n'est heureusement pas le cas. Le réalisateur a eu le privilège de s'entourer de vrais danseurs pour son film, ce qui rend indubitablement les premières scènes entraînantes… même pour quelqu'un qui ne serait pas forcément passionné par la danse comme moi. Puis, sans grande surprise, ça m'a permis de faire connaissance de quelques danses que je ne connaissais pas comme la vogue, le krump et le waacking.
Durant l'intégralité du film, on a l'impression d'être devant une sorte de gros compte à rebours, et c'est en cela que Noé a compris la force du plan-séquence : ça renforce grandement le côté fataliste, sans aucune forme de retour en arrière possible du film. Inutile de préciser que c'est une force que l'on retrouve déjà dans plusieurs de ses films.
J'aime bien sa manière de nous présenter un groupe en apparence soudé pour peu à peu le voir peu à peu s'autodétruire devant nous : ça commence par de simples remarques une fois le dos tourné, puis le drame arrive et Noé finit par ne plus rien nous épargner. Il y a d'ailleurs une grosse insistance sur le côté « COCORICO » du film. Pour le coup, on voit forcément le truc venir tant il force dessus, mais on sent que Gaspard Noé ne croit pas trop à ce « vivre ensemble » à la française, qu'il perçoit davantage ça comme une façade qu'autre chose. Bon, j'ai l'impression qu'il est aussi un poil antiavortement vu que c'est un sujet qui revient dans plusieurs de ses films… on commet tous des erreurs, lui y compris. On retrouve aussi une tare bien particulière qui avait déjà fait son apparition dans Love, comme les citations d'ados qui s'affichent en gros sur l'écran… m'enfin, ce n'est pas pour la subtilité qu'on regarde un film de Gaspard Noé.
L'un de mes plus gros regrets, c'est de ne pas avoir vu ce film au cinéma. C'est plutôt rare que je me fasse ce genre de réflexion, et pourtant, ce n'est pas la première fois que cette pensée me traverse en visionnant l'un des films du réalisateur (Irréversible et surtout Enter the Void), mais je pense qu'il y a vraiment quelque chose à gagner en allant voir Climax dans une salle de cinéma. Bon après, vu le niveau du cinéma dans lequel je vais d'habitude, peut-être que la qualité d'image n'aurait pas été au rendez-vous.
Bref, après avoir été déçu par Love, ce fut un véritable plaisir que de se retrouver devant un film qui m'a bien plus parlé. Surtout que ce n'est pas comme si Gaspard Noé avait complètement revu sa formule, s'était trahi avec ce long-métrage : on retrouve une bonne partie de l'équipe technique (surtout l'excellent Benoît Debie), les nombreuses improvisations (le film s'est fait une fois de plus dans la précipitation de toute façon), les nombreux plans-séquences… bref, contrairement à quelques critiques que j'ai pu lire, je n'ai pas l'impression que Gaspard Noé ne maîtrise pas son sujet, qu'il se révèle être un simple imposteur… en tous cas, si c'est bel et bien le cas, j'aimerais en voir plus souvent des imposteurs de ce genre.