Ça dépasse l'entendement. A la fois d'une beauté et d'une dureté rarissime, aussi galvanisant qu’horripilant, d'une originalité prégnante salutaire. Climax est à la fois tout allant vers le trop de trop de trop quitte à donner envie de vomir à la sortie, (c'était limite pour ma part^^).
Il est en tous cas une performance. Le film pourrait se résumer en ce seul mot.
- "Une performance" artistique à plus d'un titre:
1 - Par les chorégraphies effectuées par ses jeunes danseurs acteurs débutants et la muse artistique du réalisateur Sofia Boutella qui montre une autre facette de son jeu et de ses talents après Kingsman et La Momie.
2 - Par les graphismes et le lieu même investit: Les couleurs vives, l'atmosphère de transe prégnante tout du long, et les plans qui ne cesse de renouveler l'espace sans se rééditer de ce lieu clos perdu en pleine montagne.
3 - Par la mise en scène de Gaspard Noé et les plans de Benoît Debie, le montage qu'ils effectuent en accord avec son sujet choisissant le plan séquence pour sublimé la performance de groupe, le plan fixe d'ensemble et le montage haché pour capter les discussions de la soirée, le plan fixe d'ensemble en hauteur pour capter la danse dans sons ensemble et la faire ressentir d'une autre manière au spectateur, le plan séquence qui ne cesse de tourner dans tous les sens pour justement mettre les sens du spectateur dans le doute, lui faire perdre pied, le choquer, le retourner et l'amener vers des chemins extrêmes...
4 - Une performance sonore qui happe pour nous mettre en transe pendant toute la première partie et qui nous happe en horrifiant dans toute la deuxième...
5 - Une performance à tous les étages quoi...
Gaspard Noé réussi son meilleur film depuis Irréversible pour ma part. Il fait passer le spectateur par toutes les sensations possibles quitte à aller vers l'inacceptable mais c'est la vie... Filmé en état de grâce dans cette performance artistique, (je ne vais pas cesser de dire ce mot), sans discours lourdingue que l'on ne sais déjà, avec un message de partage prégnant dès le début:
Après avoir vu les entretiens de la troupe de danseur le film s'ouvre sur un drapeau français ornant un mur et avec ce texte: Un film français et fier de l'être. Le plan fixe sur ce drapeau et ce texte se transforme en travelling descendant sur la salle ou l'on voit la troupe commencer à danser et des jeunes de toute origine, africains, arabes, allemands, français, tous le monde se mélange, danse en même temps. Pas un mot, parfait, dans la gueule de tous les racistes.
Noé abordera l'inceste, la violence, l'IVG, la drogue principalement, la vie, la passion, la musique de la même façon. Par l'image, la transe, la situation de la soirée qui tourne mal en laissant le spectateur se faire son propre jugement, s'extasier et s'horrifier par l'art qui reflète la vie...
Parfois une image vaut bien plus qu'un dialogue et un discours.
Tous le film sera de cet acabit dur, beau, dépassant les les limites et l’extrême. Une oeuvre violente dans le champ et hors de celui-ci qui frappe en plein cœur, fait autant de bien que de mal, précieuse.
Gaspard Noé est un réalisateur de bad trips réels mais artistique, de sensations prégnantes, de pur cinéma. Un des rares réalisateurs français à se bouger le cul artistiquement, à investir le cinéma de genre, à oser, à faire du cinéma pur. D'une autre façon certes mais il est comme Kounen, Kassovitz, Audiard,(qui a le même type de geste ciné avec ses Frères Sisters cette semaine), Marchal, Cavayé,(Ça reste à voir avec son prochain) à faire cela et à bien le faire. Climax est une claque aussi belle qu'anxiogène, un des meilleurs films de l'année!