Gaspar Noé nous propose ici une œuvre pour le moins atypique. Bien plus expérimental que ses autres films, il y a une véritable volonté de perdre le spectateur au fur et à mesure que l’état des protagonistes se dégrade. Il y a là une idée particulièrement intéressante et franchement maitrisé, où malaise physique côtoie dégénérescence psychologique, le tout soutenu par une mise en scène impeccable, précise et ludique. Car si en effet il n’y a pas véritablement de trame scénaristique, ni d’histoire à proprement parlé, Noé créer une histoire concept : Celle de la perte de contrôle.
Ce qui est remarquable dans le cinéma de son réalisateur, c’est avant tout dans sa prouesse technique. En effet, les plans séquences sont flottants, le choix des lumières évolue avec les danseurs, il y a une coordination presque mystique entre la caméra et le protagoniste qui crée une symbiose entre ces deux entités.
Dans Climax, les mots sont vite remplacés par la danse qui devient le langage du film ; les attitudes, les émotions ainsi que les sentiments sont retranscrits sous forme de mouvements plus ou moins organisés. De plus l’évolution des danses est en étroite interaction avec l’évolution psychique des danseurs.
Il y a une frénésie esthétique dans le cinéma de Noé, une fascination pour le mouvement, la lumière, la couleur, le son … Ce besoin irrépressible de transformer l’image en expérience où seuls les différents éléments sensoriels mis à notre disposition seraient finalement fondement d’un mouvement artistique. Et si le cinéma c’était aussi, à l’image d’un tableau vivant, une expérience sensitive ? C’est peut être ça aussi le cinéma, une expérience qui ne tient qu’à un fil, tantôt adoré tantôt détesté, Noé aura encore une fois réussi à diviser les foules, mais que l’on apprécie ou pas son travail, on peut saluer cette franche résolution à réaliser du cinéma neuf, du cinéma palpable, presque organique où le spectateur est convié à prendre un verre de sangria.