Climax, une ode à l'auto-satisfaction boulimique

Noé a l'étoffe des grands. Plusieurs de ses films pourraient être des oeuvres majeures. Mais aussi bien qu'il lui manque quelque chose (probablement enfin finir son adolescence) pour devenir un grand, ses films ont toujours quelque chose de trop pour être de bons films.


Parfois, ils sont trop provoc pour pas grand chose. Parfois, trop longs. Parfois, trop immatures. Parfois, tout en même temps.


Climax, c'est ça. S'il arrive à nous offrir un cauchemar absolument merveilleux en seconde partie, malaisant à souhait, nous rappelant ses plus grandes heures et expédiant son immonde Love dans la catégorie des erreurs de parcours, ça reste trop long. L'inconfort devient lassitude. La gêne devient fatigue. Le film devient lourd. C'est dommage, parce qu'il avait réussi à nous captiver de nouveau après sa demie-heure (entre la danse et le générique) qui était à la fois puérile, vulgaire et ridicule, jonglant entre apologie du viol et sexisme.


C'est un cinéma de l'overdose. Du toujours plus. Un cinéma d'auto-satisfaction boulimique.


Un peu comme LVT dans The House that Jack built, Noé en vient à l'auto-citation un peu idiote et malvenue (la tête écrasée ou la fausse couche, par exemple). Mais surtout, toutes les scènes sont trop longues. Absolument toutes. Il n'y en a pas une seule qui dure le temps qu'elle devrait durer. Comme si, arrivé au moment du montage, il s'était rendu compte que son film était trop court et qu'il avait alors décidé d'ajouter des tonnes de rushs d'impro à l'aide de ses fameux inserts qui permettent toutes les folies de montage. Et si cette longueur exacerbée marche plus ou moins au début de l'horreur et la tension monte efficacement jusqu'au - justement - climax rouge, on s'est quand même d'abord retrouvé devant une première partie interminable et indigeste qui donnait envie d'arrêter le film. Il semblerait cependant qu'il aie appris de ses leçons, puisque son film suivant ne fait que 50 minutes.


Au final, on se répète : c'est toujours la même chose avec lui. Même lorsqu'il fait des choses merveilleuses que peu arrivent à réaliser, il reste cet enfant qui écrit sur sa copie du bac que le courage c'est ça.

WallydBecharef
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le 28 août 2020

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Wallyd Becharef

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