Spike Lee s'attaque ici - heureusement sans le didactisme militant qui plombera par la suite la majorité de ses films - à l'auto-destruction dans laquelle est plongée la jeunesse afro-américaine depuis plusieurs décennie : drogue, délinquance, violence, c'est tout un cycle du désespoir et de l'abjection que les personnages n'arrivent pas à briser. Ce qui amène Lee à un questionnement plus intéressant sur la responsabilité de chacun, des flics plus ou moins concernés (un Harvey Keitel d'une force et d'une justesse exemplaire) aux familles décimées par la pauvreté. Si l'argot des jeunes blacks est souvent difficile à comprendre, "Clockers" reste un beau film, cruellement inutile mais franchement nécessaire. [Critique écrite en 2003]