Do the right thing, putain.
Spike Lee peut être plaisant (Do The Right Thing), mais aussi agaçant.
Et ce film montre à quel point il peut énerver dans ses films, via son discours social en filigrane : "pauvres noirs américains dans les ghettos..."
En général, ce type de discours gaucho ne me séduit que si le réalisateur a su se montrer "light", ou en d'autres termes, s'il a su ne pas en faire des tonnes. "Spike" justement, n'est pas un modéré, loin s'en faut, il exige (à raison, c'est certain) qu'il y a ait des acteurs noirs dans les films. Il trouve que Tarantino n'a pas la bonne approche pour filmer la condition des blacks dans "Django Unchained". Sur le fond, je suis complètement d'accord avec lui, mais à la longue, ce cheval de bataille devient barbant.
Clockers est un bon film, réalisé avec talent. Des travellings, des effets de styles en tous genres, des champs et contre-champs intelligents. On se sent au plus prêt de la vie des jeunes noirs dealers à New York, mais il y a un discours pompeux qui gâche la plupart du temps.
"Strike" est un dealer intelligent qui est le protégé du caïd du coin. A son tour, Strike prend sous son aile un jeune enfant noir, protégé par un flic black. Une histoire de protection quoi.
Et puis bang bang bang bang, voilà un meurtre, dans la grande lignée des règlements de comptes très ordinaires aux USA (au point que ça en devienne tout à fait normal), et peut-être encore plus lorsqu'on se trouve dans un quartier de dealers, criminels et autres marginaux impopulaires, l'engeance des minorités laissées pour compte que Spike à le pouvoir de mettre en évidence avec sa caméra, pour mieux dénoncer le statut et la condition (entre autres) des noirs dans son pays. Encore une fois, je suis complètement d'accord avec lui. Mais j'ai le sentiment que ce qu'il veut démontrer prend le dessus sur son cinéma. Un discours politique trop fort pour moi? Sans doute, mais il était également présent dans son film "Do The Right Thing", sans que celui-ci soit littéralement étouffé sous la position politique. Sans doute aussi que ce qu'il a vécu dans son quartier durant sa jeunesse fonde son cinéma, et plus exactement son point de vue, très partial, mais juste.
Un flic de la crim' (Keitel), prend parti pour le suspect qui à l'air bien trop innocent pour prétendre être l'assassin. Keitel y va aussi de sa protection.
Mais l'histoire est trop longue, le rythme n'y est pas. Tout est prévisible, jusqu'à la scène dégoulinante de bons sentiments où le môme (sur son BMX) flingue un tueur du coin. Les noirs américains sont cantonnés à des destinées de ce genre, semble nous dire Lee : dealer, tuer. Le discours politique du réalisateur prend une autre dimension lorsque l'on voit de jeunes dealers tailler des rappeurs (connus) pour leur optimisme suranné.
La bonne note et le défaut du film, c'est que Spike sait clairement de quoi il parle, et tout ça paraît bien réaliste, mais trop peut-être. Spike n'a pas fait ce qu'il fallait faire avec ce film, dommage. Il fera ce qu'il faudra la prochaine fois, il fera la chose juste, il fera the right thing.