J'ai tout le long du film eu l'impression désagréable que le scénario et ses dialogues avaient été écrits pour susciter l'intrigue chez le spectateur. Pourtant, Mike Nichols a réussi l'exploit de bâtir un film entièrement fondé sur l'amour, le désir et les relations sexuelles et malheureusement totalement dénué de sensualité : comment est-il possible de représenter ces sujets en échouant à évoquer la moindre tentation chez son public ? Il faut dire que la mécanique du film apparaît trop grossière pour surprendre celui qui le regarde. Esclaves de leur désir et d'une recherche permanente de validation par l'autre sexe, chacun des personnages se trouve à tromper l'autre. J'y retrouve une description sans équivoque de la société contemporaine et son marché de la séduction permanente. Cela fait d'ailleurs écho à ma lecture en cours de La fin de l'amour par Eva Illouz. Le seul intérêt à mon sens réside dans le personnage incarné par Nathalie Portmann (Sylvie), qui est restée fidèle à elle-même et à son amour pour Guillaume (Jude Law). Le retournement final (twist ending) est d'ailleurs bienvenu et redonne une saveur particulière à ce film qui tourne rapidement en rond. Il ne suffit pas de cumuler les flashforward (bon en avant) pour donner un dynamisme à l'oeuvre : dès les premières minutes, le sujet du film est épuisé et on comprend que l'on a affaire à des personnages aux prises avec leur désir et que leur relation ne satisfait jamais. Les dialogues sont impossibles à mener pour les acteurs et la plupart des interactions demeurent très fictives et aucunement empreints de réalisme. Les 5 nominations aux Golden Globes m'apparaissent donc comme une énigme.