Imparfait, bancal et pas toujours à la hauteur de ses ambitions cosmiques, l'œuvre tentaculaire et trans-genres (dans tous les sens du terme) des Wacho-Tykwer fait d'abord un peu peur. Porté par une esthétique hallucinante, formellement somptueux, Cloud Atlas se voit pourtant sauvé du gloubi-boulga narratif par un montage virtuose qui parvient à dynamiter le dispositif généralement casse-gueule de film à sketches. Les six histoires qui se télescopent sont la plupart du temps accrocheuses, malgré des enjeux totalement disparates, tantôt mineurs, tantôt bigger-than-life. L'idée de les connecter entre elles par le biais d'une création littéraire, musicale ou cinématographique, est probablement la plus belle idée du film. Même si elle aurait peut-être méritée d'être un peu mieux soulignée.
Cloud Atlas peine malheureusement un peu à trouver une justification métaphysique, idéologique ou philosophique convaincante à son maelstrom d'histoires. Le recyclage de son casting, sous diverses couches de latex et de moumoutes, ne semble par ailleurs servir qu'à appuyer de manière un peu balourde un discours étrange sur le déterminisme et la réincarnation. Mais le film réussit tout de même à retomber sur ses pattes d'un point de vue narratif : toutes les saynètes se bouclent en ne perdant jamais le spectateur, ce qui ne constitue pas un mince exploit.
On en connait certains qui ne manqueront pas de ricaner face à la naïveté de Cloud Atlas, ses maquillages parfois grotesques et ce final très « dreadlocks & macramé » qui rappelle les heures les plus sombres de la trilogie Matrix. Ils passeront sans doute à côté d'un film à la fois complètement déraisonnable mais aussi porté par un véritable savoir faire beaucoup plus modeste de simple conteur d'histoires. Tant pis pour eux.