Cloud Atlas, c'était pour moi la somme de toutes les peurs: Après le coup de maître Matrix, le reste fut une une inexorable descente aux enfers. Ensuite, l'histoire mégalo et une bande-annonce très chargée, pour une durée de pratiquement 3 heures, ne me poussaient pas à l'enthousiasme.
La première heure est assez difficile à apprécier, tant les 6 histoires qui s'enchaînent nous inondent d'informations sans réel liant. Pourtant, on comprend petit à petit que la complexité apparente de chaque époque, nous raconte finalement la même histoire limpide. Celle du droit à la liberté individuelle, pour aller au-delà des conventions, de l'ordre établit. Mais bien sûr, on peut largement élargir le spectre à l'obscurantisme, l'esclavage sous toutes ses formes, l'amour, l'effet papillon...
Sur le plan de la réalisation, il est assez innatendu et agréable de constater que ce sont finalement les épisodes "Historiques" les plus réussis, qu'on doit en grande partie au réalisateur du Parfum, déjà bourré de qualités techniques. La preuve que l'aspect science-fiction (pas toujours réussie visuellement) n'est qu'une pièce du puzzle narratif complexe, mais brillamment mis en scène.
S'il est perturbant de voir des interpretes fourre-tout au départ, on finit par arrêter de jouer à "Qui est-ce ?", tant les acteurs se moulent parfaitement dans leurs métamorphoses.
D'ailleurs, quand on s'intéresse à l'histoire autour de la fabrication du film, on se dit qu'il est la parfaite illustration des thématiques développées, car ce film n'aurait pas dû voir le jour, si on suivait les préceptes hollywoodiens. Face à l'ambition du projet, aucun grand studio n'a voulu jouer le jeu du financement. C'est alors à travers une coproduction internationale que le film a pu se faire, faisant de cette réalisation le plus gros budget pour un film indépendant (100M de dollars) qui fut un bide aux US, tout en limitant la casse avec les recettes "monde". Ce qui est en soi une anomalie dans l'industrie cinématographique actuelle: Les films "du milieu" ont de plus en plus de mal à trouver un financement, à part les mécènes que sont Georges Clooney, Brad Pitt, et autres Ben Affleck (voir Kickstarter aujourd'hui !). Le reste du marché se partage entre superproductions à 200 M qui se résument à du Remake/Prequel/Marvel d'un côté, et des micro-productions (moins de 5M de dollars) de l'autre, avec beaucoup de films de genre comme les found footage.
L'autre aspect marquant de l'engagement de ce film, c'est la métamorphose de Lary Wachowsky(devenu Lana après son changement de sexe), dévoilée pendant la promo du film, qui donne une plus grande résonance encore à leur implication morale dans ce projet.
Pour conclure, après une première heure difficile à digérer et quelques prothèses carnavalesques plus tard, Cloud Atlas impose sa narration parfaitement maîtrisée et la puissance de ses thématiques touchantes de naïveté. Un film qui risque de se bonifier avec le temps, se révélant un peu plus à chaque vision.
La marque des grands films.