Les frères Wachowski obligent, attendez vous à 2 choses: un essai dystopique, et un film particulièrement complexe de par sa structure. Avant toute chose, il faut prendre le film dans sa globalité avant d'essayer de comprendre quoi que ce soit, et saisir que le thème de l'oeuvre sera, maintes fois traité certes, mais particulièrement appuyé ici: la liberté.
Pour ce faire, six histoires en tout se déroulent et s'entremêlent deux heures quarante-cinq durant, se situant à différentes époques en différents lieux, fabriquant de surcroît un formidable kaléidoscope de péripéties truffées de liens entre les personnages. La chasse aux indices s'avère passionnante entre les époques successives du XIXème et XXème siècle jusqu'à nos jours, puis vers au-delà, dans un Séoul futuriste de 2177, et même encore au-delà: dans une sorte de "Waterworld", 35 ans après "La Chute" (entendez l'apocalypse), sur une Terre inondée par les eaux où se parle un dialecte argotique particulier. Troublant dès le départ, et puis finalement voguer parmi ces six tableaux se laisse tenter sans problème, par curiosité pour le concept.
Dans chacune des histoires, le héros est privé de sa liberté. A ses côtés des adjuvants vont l'aider à faire face à ses opposants. Comprenez la chose ainsi: Notre liberté dépend des autres autant que la leur dépend de nous. Chacun de nos actes, méfaits comme bienfaits possède une répercussion dans le temps et dans l'espace à travers les âges pour les générations futures. On se trouve à mi-chemin entre le Sartrisme, prônant la liberté comme essence de l'homme, et le déterminisme enseignant le principe de causalité (lien de cause à effet).
Derrière les protagonistes de cette morale, un même casting pour chaque histoire: on en attendait pas moins d'acteurs comme Tom Hanks, Halle Berry ou encore Hugo Weaving - entre autres -, qui se fondant tour à tour dans un décor propre à chaque siècle livrent une très belle performance. En guise de terrain de jeu, des espaces scéniques peaufinés jusqu'au moindre détail donnent lieu à des scénarios visuels littéralement hallucinants, eux-mêmes soutenus pas d'habiles transitions.
Le tout garantit un rendu impeccable pour un chef d'oeuvre digne des créateurs de Matrix. Un tel scénario ne pouvait pas sortir d'un autre esprit, les Wachowski sont bel et bien libres, eux, et c'est tout à leur honneur.