Cloud Atlas, de l'idée, et de l'essoufflement.
J'ai beaucoup aimé Cloud Atlas, mais sa note n'est pas aussi haute que je l'aurait souhaité pour une raison simple: dans leur théorie même de la réincarnation, de l'entrecroisement des vies et dans sa conception de l'éternel retour les réalisateurs s'essoufflent. L'importance de chacune est minimisée, trop minimisée, et cela parce que le film par dans toutes les directions. en définitive, chaque "période" de chaque vie est très courte quand on met les choses bout à bout. En même temps, il y a du monde au casting pour un film où tout le monde revient plusieurs fois...
En validant leur thèse de l'éternel retour en nous étourdissant de vies successives des personnages, les réalisateurs, plus que de minimiser la vie qui ne reviendrait pas (évidemment, on ne fait pas revenir TOUT le casting au complet tout le temps... le bazar que ce serait... )ils la définissent comme sans poids, sans mesure, une ombre même. en affirmant le mythe de l'éternel retour en effet les choses apparaissent dans la circonstance atténuante de leur fugacité.
en même temps que les vies sont amoindries, les catastrophes sont complétement annulées : en effet, que signifie la fin de la vie si en réalité elle ne finit jamais? que signifie les guerres, les massacres, si en définitive, tout revient toujours?
C'est la seule chose à laquelle Cloud Atlas ne répond pas, et évidemment c'est gênant. Soulever le probleme de l'eternel retour n'est pas simple, mais il faut alors résoudre toutes les questions qui peuvent se poser, sinon le débat est creux. Et là, c'est le cas. Cloud Atlas pourrait etre une magnifique ode à la vie, avec des effets géniaux et un scénario SF de malade, mais il se contente de nous laisser avec une impression de vide.