6 histoires - durée du film 3 heures = une note de 3
Ce film est nul, mais ce n'est pas une bouse infâme forcément destinée à l'oubli, confère mon barème personnel. Cela veut même dire que les frère et sœur Wachowski remontent d'un cran dans mon estime (il faut dire qu'ils avaient bien dégringolé depuis Matrix Reloaded).
Cloud Atlas entremêle six histoires, qui vont du milieu du XIXème au XXIVème siècle (c'est précis). On retrouve sous des maquillages généralement mal faits certains des acteurs, qui jouent donc des rôles différents à des époques différentes, ce qui induit le thème principal du film : la réincarnation, le karma, le saṃsāra, le destin, et tutti quanti. L'attitude et le comportement moral des protagonistes aura une influence sur sa prochaine renaissance, et sur la vie de ses congénères. Des fils invisibles mais ténus relient les personnages, puisqu'ils ont beau se réincarner à l'autre bout de la galaxie, ils se retrouvent, avec la somme de leurs actes précédents dans leur bagage.
Non seulement, les Wachowski entrechoquent les parcours de leurs personnages, mais ils en profitent pour mélanger les genres cinématographiques, allant du thriller écologiste au cyberpunk en passant par le drame amoureux.
Ce qui confère à Cloud Atlas un programme ambitieux, que ce soit sur le fond ou la forme. Soyons clair, Il aurait pu être intéressant. Mais l'effet zapping, hop on change d'époque, zou on saute de genre, se révèle très vite ennuyeux. Le contenu ne suit pas. Le film devient long. Puis froid, les personnages n'étant pas très attachants sous leur couche de mascara. Alors on décroche peu à peu, on va chercher un en-cas, puis on se fait un café. Et le problème quand l'immersion a dévié vers le frigo, c'est que tous les défauts éclatent au grand jour.
Je l'ai vu en français. C'est important, car le doublage est particulièrement catastrophique pour les séquences du XXIVème siècle, où Tom Hanks est censé avoir un accent plouc. Et le patois dans un monde futuriste, même parlé par un peuple tribal, ça ne passe pas cognitivement parlant. On décroche, on pense à Dany Boon, la Soupe aux choux, mais pas à de la science-fiction. De même pour les multiples personnages, jusqu'à six, incarnés par les mêmes acteurs, on s'amuse à deviner où se cache Hugh Grant, plutôt que de s'intéresser à l'histoire.
Oui quelques scènes sont à sauver, des débuts d'ambiance sont posés, mais sincèrement, Cloud Atlas est une véritable débauche désincarnée, à l'ambition éléphantesque qui accouche de petites souris. « Les faibles sont pitance, les forts s'emplissent la panse. » ou « qu'est-ce qu'un océan ? si ce n'est une multitude de gouttes d'eau ? », c'est du réchauffé certes, ça sonne bien, mais trois heures, les Wachowski, trois heures ! Avec Tom Hanks en plus, qui parle patois !