Un Film D'une Lourdeur
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En traitant l’alimentation telle une métaphore des tensions sociales et morales de la société, la réalisatrice Jessica Hausner interpelle autant qu’elle dérange.
Le film s’ouvre sur un avertissement indiquant qu’il ne pourrait pas convenir aux personnes souffrant de troubles alimentaires. Il y est question d’élèves qui suivent un cours d’alimentation consciente dans un lycée destinés aux ultra-riches. Leur enseignante, Mlle Novak (Mia Wasikowska) les sensibilise aux méfaits de l’alimentation industrielle promue par la société contemporaine. Ces jeunes sont progressivement envahis par une forme d'extase révolutionnaire, nourrie par leur prise de conscience des méfaits de l'alimentation moderne. Cette sensation de participer à une rébellion, à une cause juste, les entraîne dans une démarche de plus en plus radicale.
La manière dont on se nourrit est à l’interface entre le besoin biologique, le rituel social, le plaisir et certaines convictions morales. C’est aussi l’occasion de retrouver une « communauté » autour de ses habitudes alimentaires. Sans parler de la dimension spirituelle du jeûne, certains régimes peuvent carrément revêtir un caractère « religieux », tellement ils peuvent sembler dogmatiques. Le film explore donc davantage une crise de foi qu’une crise de foie. La réalisatrice autrichienne Jessica Hausner a la très bonne idée d’utiliser la thématique de l’alimentation pour interroger les valeurs de la société. L’engouement de ces jeunes pour « l’alimentation consciente » cristallise leur manque de perspectives et de valeurs communes. La figure des parents fonctionne comme un miroir et permet d’enrober de bienveillance une hypocrisie crasse. En remettant en question la manière de manger, Club Zero montre comment ces adolescents accèdent à un certain « vivre ensemble » tout en pulvérisant leur modèle social qui littéralement les écœure.
« Le cercle ou le mur » semblent claironner les cadrages léchés de la réalisatrice. Son approche très esthétisante donne au film une tonalité troublante, cynique et singulière. C’est peut-être aussi la limite de l’exercice un peu poseur et caricatural, qui sacrifie ses personnages sur l’autel de l’atmosphère. À l’instar de de ses collègues autrichiens Haneke ou Seidl, Hausner ne semble pas éprouver beaucoup de sympathie à l’égard du genre humain. Dès lors, difficile d’être empathique pour ses personnages, malgré des comédiens excellents dans leurs rôles, Mia Wasikowska en tête. Toutefois, cette mécanique un peu désincarnée n’empêche pas Club Zero, au-delà de ses effets et autres images chocs, de poser un constat ambigu et interpellant sur le mal-être contemporain.
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Créée
le 11 sept. 2023
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