Club Zero
5.4
Club Zero

Film de Jessica Hausner (2023)

Club Zero est le premier film que j'ai vu de la réalisatrice Jessica Hausner, et le moins que je puisse dire c'est qu'il m'a fait pas mal "vibrer".

Déjà, rien que le premier plan, en très grand angle, qui met en scène l'arrivée des élèves au cours "d'alimentation consciente" annonce la couleur. On est déstabilisé par la déformation de l'image. cette déformation est elle qu'on se demande pourquoi commencer le film par un tel plan, qui est honnêtement assez désagréable.

comme une mise en abyme du propos du film, ce premier plan, nous montre à la fois la déstabilisation dans laquelle seront plongé les personnages du film.

La dangerosité de la manipulation affective dont fera preuve leur professeure est en quelque sorte annoncée par ce plan.

on peut également supposer, que avoir pris un très grand angle, nous donne à nous spectateur, un point de vue "omniscient", désincarné... un point de vue qui sied bien a nos protagonistes, qui n'auront de cesse de chercher cette dite omniscience à travers ce cours décalé.


et vu que rien ne semble laissé au hasard, la caractérisation, très forte de chaque personnage, viens nous ancrer le récit au mieux.

mes meilleurs exemples sont par exemple le père de Ragna, qui incarne parfaitement "l'homme déconstruit" et qui semble s'excuser à chacun de ses gestes devant sa fille, en affichant une fausse "cool attitude" qui cache en fait un profond mal être et un manque de dialogue... ( les scène de diner expriment parfaitement cette idée).


Car c'est vraiment un défi ce film, comment parler d'un phénomène aussi déshumanisant que l'endoctrinement new age, en donnant du corp et de l'esprit à tout cela.


Du coup, Chaque personnage recèle une facette intéressante. Mlle Novak, est une professeure en crise sentimentale. sa solitude, ainsi que son auto endoctrinement la mène à considérer un de ses élèves comme étant une possibilité affective et sexuelle. Faute qui lui vaudra le renvoi de l'école ultra élitiste ( qui ressemble déjà a une secte) dont elle fait partie.

L'élève avec qui elle aurait couché, est lui aussi très bien écrit. il s'agit d'un dénommé Fred, aspirant danseur professionnel. Ce dernier, à l'expression de genre floue ( maquillage, voie suave, corp féminin et longiligne) incarne une certaine jeunesse actuelle, à la fois en questionnement sur la spiritualité, l'identité de genre entre autres. Ce poussé à l'extrême car, vouloir se poser des questions n'indique pas forcément se laisser endoctriner par la première idée new age venue.


Pour donner de la matière a tout ça, on peut dire que d'un point de vue technique, le film est réussi. L'image est belle, offre souvent une lumière naturelle qui sied bien au contexte. La direction artistique est également très bien faite, on sent une vraie recherche et cohérence dans les tenues et les décors.


la musique également, apporte une touche de mystique, avec les tambour chamanes et les sons de cordes dont l'origine instrumentale m'est totalement inconnue. la musique sert à mettre en exergue une fois de plus, le questionnement "spirituel" dans lesquels sont plongés les étudiants durant tout le film.


Et c'est bien un des propos fort du film. En ces temps troublés, on cherche la spiritualité sur internet, dans des formations, dans des livres a tout bout de champ. Quand on voit les proportions que cela prend dans le film, est il raisonnable de considérer toute pratiques ésotériques comme bégnine et innocente ?


Derrière le vernis de bienveillance des profs et de l'administration, se cache en fait la violence

d'une institution : l'école.

Comment peut on rester insensible à la violence systématique du truc. les enfants mangent dans des lieu aseptisés, font des chorales sans vie , et ont une pression constante à propos de leur notation.

C'est dans quel genre d'enfer ou notre notation dépend de ce qu'on a ingurgité à midi ?

C'est dans quel genre d'enfer que le bien être passe après la réussite scolaire ?


et entendez moi bien, je suis quelqu'un de très ouvert d'esprit, j'ai eu des périodes dans lesquelles m'ont intérêt pour la spiritualité a été grand et parfois sans esprit critique derrière.

Donc si ce film à réussi à me faire prendre son partis, c'est bien qu'il fonctionne.

Outre l'aspect philosophique, la sociologie des personnages est très bien amenée.

Dans chaque foyer par exemple, on a des scènes de diner. quoi de mieux qu'un diner pour illustrer de pratiques sociales et culturelles ?

Et de quelles pratiques sociales on parle ? Celle d'une bourgeoisie argentée, qui possède des logements style art nouveau, du personnel a tout faire. Une bourgeoisie qui n'as pas de souci a se faire en terme de confort de vie ? alors pourquoi c'est dans ces millieux que l'on retrouve parfois des gourou, du New Age ?




Sur certaines critiques, on peut y lire que le film enfoncerait des portes ouvertes, JE DIS NON !

As on beaucoup de film qui placent le questionnement ésotérique au centre, comme un miroir d'une classe sociale ? pas beaucoup...

Car si l'opium du peuple est la religion... Alors l'opium des bourgeois c'est la spiritualité.

sixmaa
8
Écrit par

Créée

le 2 oct. 2023

Critique lue 14 fois

sixmaa

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