Un Film D'une Lourdeur
Club Zero, malgré ses ambitions apparentes, tombe rapidement dans le piège de la prétention, en essayant d’être bien plus profond qu'il ne l’est réellement. Hausner semble vouloir offrir une...
Par
le 17 sept. 2024
19 j'aime
Club Zero est le premier film que j'ai vu de la réalisatrice Jessica Hausner, et le moins que je puisse dire c'est qu'il m'a fait pas mal "vibrer".
Déjà, rien que le premier plan, en très grand angle, qui met en scène l'arrivée des élèves au cours "d'alimentation consciente" annonce la couleur. On est déstabilisé par la déformation de l'image. cette déformation est elle qu'on se demande pourquoi commencer le film par un tel plan, qui est honnêtement assez désagréable.
comme une mise en abyme du propos du film, ce premier plan, nous montre à la fois la déstabilisation dans laquelle seront plongé les personnages du film.
La dangerosité de la manipulation affective dont fera preuve leur professeure est en quelque sorte annoncée par ce plan.
on peut également supposer, que avoir pris un très grand angle, nous donne à nous spectateur, un point de vue "omniscient", désincarné... un point de vue qui sied bien a nos protagonistes, qui n'auront de cesse de chercher cette dite omniscience à travers ce cours décalé.
et vu que rien ne semble laissé au hasard, la caractérisation, très forte de chaque personnage, viens nous ancrer le récit au mieux.
mes meilleurs exemples sont par exemple le père de Ragna, qui incarne parfaitement "l'homme déconstruit" et qui semble s'excuser à chacun de ses gestes devant sa fille, en affichant une fausse "cool attitude" qui cache en fait un profond mal être et un manque de dialogue... ( les scène de diner expriment parfaitement cette idée).
Car c'est vraiment un défi ce film, comment parler d'un phénomène aussi déshumanisant que l'endoctrinement new age, en donnant du corp et de l'esprit à tout cela.
Du coup, Chaque personnage recèle une facette intéressante. Mlle Novak, est une professeure en crise sentimentale. sa solitude, ainsi que son auto endoctrinement la mène à considérer un de ses élèves comme étant une possibilité affective et sexuelle. Faute qui lui vaudra le renvoi de l'école ultra élitiste ( qui ressemble déjà a une secte) dont elle fait partie.
L'élève avec qui elle aurait couché, est lui aussi très bien écrit. il s'agit d'un dénommé Fred, aspirant danseur professionnel. Ce dernier, à l'expression de genre floue ( maquillage, voie suave, corp féminin et longiligne) incarne une certaine jeunesse actuelle, à la fois en questionnement sur la spiritualité, l'identité de genre entre autres. Ce poussé à l'extrême car, vouloir se poser des questions n'indique pas forcément se laisser endoctriner par la première idée new age venue.
Pour donner de la matière a tout ça, on peut dire que d'un point de vue technique, le film est réussi. L'image est belle, offre souvent une lumière naturelle qui sied bien au contexte. La direction artistique est également très bien faite, on sent une vraie recherche et cohérence dans les tenues et les décors.
la musique également, apporte une touche de mystique, avec les tambour chamanes et les sons de cordes dont l'origine instrumentale m'est totalement inconnue. la musique sert à mettre en exergue une fois de plus, le questionnement "spirituel" dans lesquels sont plongés les étudiants durant tout le film.
Et c'est bien un des propos fort du film. En ces temps troublés, on cherche la spiritualité sur internet, dans des formations, dans des livres a tout bout de champ. Quand on voit les proportions que cela prend dans le film, est il raisonnable de considérer toute pratiques ésotériques comme bégnine et innocente ?
Derrière le vernis de bienveillance des profs et de l'administration, se cache en fait la violence
d'une institution : l'école.
Comment peut on rester insensible à la violence systématique du truc. les enfants mangent dans des lieu aseptisés, font des chorales sans vie , et ont une pression constante à propos de leur notation.
C'est dans quel genre d'enfer ou notre notation dépend de ce qu'on a ingurgité à midi ?
C'est dans quel genre d'enfer que le bien être passe après la réussite scolaire ?
et entendez moi bien, je suis quelqu'un de très ouvert d'esprit, j'ai eu des périodes dans lesquelles m'ont intérêt pour la spiritualité a été grand et parfois sans esprit critique derrière.
Donc si ce film à réussi à me faire prendre son partis, c'est bien qu'il fonctionne.
Outre l'aspect philosophique, la sociologie des personnages est très bien amenée.
Dans chaque foyer par exemple, on a des scènes de diner. quoi de mieux qu'un diner pour illustrer de pratiques sociales et culturelles ?
Et de quelles pratiques sociales on parle ? Celle d'une bourgeoisie argentée, qui possède des logements style art nouveau, du personnel a tout faire. Une bourgeoisie qui n'as pas de souci a se faire en terme de confort de vie ? alors pourquoi c'est dans ces millieux que l'on retrouve parfois des gourou, du New Age ?
Sur certaines critiques, on peut y lire que le film enfoncerait des portes ouvertes, JE DIS NON !
As on beaucoup de film qui placent le questionnement ésotérique au centre, comme un miroir d'une classe sociale ? pas beaucoup...
Car si l'opium du peuple est la religion... Alors l'opium des bourgeois c'est la spiritualité.
Créée
le 2 oct. 2023
Critique lue 14 fois
D'autres avis sur Club Zero
Club Zero, malgré ses ambitions apparentes, tombe rapidement dans le piège de la prétention, en essayant d’être bien plus profond qu'il ne l’est réellement. Hausner semble vouloir offrir une...
Par
le 17 sept. 2024
19 j'aime
Ce qui est bien avec Jessica Hausner, c'est qu'elle n'a pas peur de choquer ni de susciter le dégoût, et tant pis si, à l'instar d'un Ruben Östlund, elle passe pour une poseuse et une cynique. Il est...
le 27 mai 2023
11 j'aime
Jessica Hausner est en passe de devenir une abonnée des sélections cannoises : son précédent et assez inoffensif Little Joe était en compétition en 2019, avant qu’elle ne soit membre du jury en 2021,...
le 29 sept. 2023
10 j'aime
1
Du même critique
Annoncé par Neige comme un des projets les plus ambitieux et les plus uniques du duo Parisien, je m'attendais a bien plus que cet album qui semble remuer la vase du blackgaze, sans parvenir à en...
Par
le 27 juin 2024
7 j'aime
Bloc party est un groupe indie des années 2000 issu de la vague du revival post punk. Et que dire a part que la formation de Londres nous a épaté avec un debut album excellent. le quatuor composé des...
Par
le 23 juin 2020
2 j'aime
si bloc party a réinventé la post punk avec son premier album ,ces dernier ont pris un virage plus électro, et plus pop rock avec leur second album " a weekend in the city" . Cet est très bon mais...
Par
le 24 juin 2020
1 j'aime
1