Des zombies, de l’humour, c’est anglais et ça se passe à Londres, évacuons-le d’emblée : oui, Cockneys vs Zombies peut faire penser à Shaun of the Dead. Mais il a aussi ce petit accent des films de gangsters de Guy Ritchie, une légère impertinence dans le ton. Des influences bien digérées, pour un film bien mené.

Avec ces « cockneys », le film de Matthias Hoene assume son côté « so british », mais pas de ceux des gentlemen en tweed. Les cockneys sont des Londoniens de la classe ouvrière, habitants à l’Est de la ville. Des grandes gueules, habituellement, que le film érige en héros un peu filous, un peu canailles, mais avec un petit coeur mou.

Des héros du quotidien, qui font ce qu’ils peuvent pour survivre, jouant des coudes contre la pression immobilière des promoteurs immobiliers ou des zombies (les deux se valent). Pour sauver la maison de retraite de leur papy et de leurs amis seniors, Andy et Terry MacGuire décident de braquer une banque, accompagnés d’une fine équipe. Ce ne sont pas des professionnels, et ça se voit, mais ils arrivent à voler l’argent, sauf qu’ils se retrouvent avec deux otages sur les bras et qu’entre-temps une épidémie de zombies ravage Londres.

Des gangsters pas très ordinaires, aux personnalités marquées, vont jouer des poings et des armes, et surtout improviser, pour se sortir de la galère qui leur tombe dessus, tout en allant aider les retraités cloisonnés dans leur maison de retraite. Ce sont généralement des bons gars, qui ont voulu bien faire, même si l’entente est précaire, ça se bouscule, à la cockney. Leur énergie, ils vont la mettre à profit notamment contre les zombies.

Ceux-ci sont du genre romero-ien, pas des coureurs, et un des personnages s’en amuse, évidente référence à 28 jours plus tard. Ils ne sont guère offensifs, mais méfiance, le nombre fait la force et un accident est si vite arrivé. Cockneys vs Zombies ne jouera pas sur l’aspect gore et choc, il se révèle plutôt sage, en dehors de quelques égratignures sanglantes. En dehors des maquillages tuméfiés, il offre peu d’effets spéciaux, peu de prothèses et autres artefacts. Certains numériques sont tout de même bien voyants, notamment pour illustrer un Londres en proie au chaos avec explosions et fumées digitales. Mais le métrage cherche à être assez réaliste, presque documentaire, sans faire trop de chichis, à hauteur d’hommes.

Ce ne sera donc pas l’effroi qu’il cherchera à provoquer, mais une certaine tension, d’abord avec ce braquage maladroit puis avec cette survie face aux zombies. La situation est toujours à un rien de basculer, et le film arrive assez bien à l’exprimer. Cependant il patine un peu trop longuement entre le braquage et le sauvetage des petits vieux, peinant à embrayer à la vitesse supérieure.

Et même si cette équipe de bras-cassés a du caractère, la team des seniors se révèle une charmante surprise, exploitant leurs faiblesses et d’autres aspects de leur vie pépère. Avant de réunir les deux équipes, les personnes âgées auront droit à plusieurs scènes, dont une course poursuite en déambulateurs assez amusante. La plupart des meilleurs scènes drôles se joueront avec eux, jouant sur un décalage rarement vu dans le genre. Le groupe est mené par un Alan Ford très agité, un acteur habitué des films de Guy Ritchie. D’autres vieilles gloires sont bien dans leurs charentaises, à l’image d’Honor Blackman (Chapeau melon et bottes de cuir, Jason et les argonautes, Goldfinger) ou Richard Briers, qui semblent ici s’amuser à démontrer que les vieux ont encore de l’énergie à revendre.

Sans vouloir critiquer les « jeunes » cockneys, tous d’ailleurs très bien joués (merci à Harry Treadaway, Rasmus Hardiker, Georgia King et les autres), la vieille génération semble proposer un potentiel qui n’a pas été pleinement atteint. Le film aurait peut-être été encore plus marquant en les mettant encore plus en valeur.

Et même si Cockneys vs Zombies ne repose pas que là-dessus, la vision de ce Londres envahi par les zombies est assez amusante, avec quelques clins d’oeil. Même zombifiés, des hooligans de deux équipes se taperont sur la tronche. Les célèbres bus rouges à deux étages seront même mobilisés. C’est un film de zombies qui a la « couleur locale », loin de certaines productions du même genre aux décors interchangeables. Il m’a rappelé d’ailleurs l’excellent ZombiU, sorti la même année et qui se passe aussi à Londres.

Il lui aurait peut-être fallu un peu plus de gouaille, et un rythme un peu mieux dosé, et Cockneys vs Zombies aurait été pu être une nouvelle référence du genre. En l’état, le film est une série B de qualité, bien réalisée, bien jouée, avec pour particularité ses tonalités « so cockney » et « senior power » qui lui vont bien.

SimplySmackkk
7
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le 3 juil. 2024

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