L'idée de Coco vient de Lee Unkrich, réalisateur et scénariste de chez PIXAR, qui s'est inspiré du Día de los Muertos, ou Jour des Morts, une fête profondément ancrée dans la culture mexicaine. À l’origine, le projet portait même le nom de Día de los Muertos avant de devenir Coco. Cette fête, qui se déroule les 1er et 2 novembre, est une célébration de la vie des défunts. Contrairement à d'autres cultures où la mort est un sujet plutôt sombre, au Mexique, elle est vue de manière plus joyeuse et spirituelle.
Le Día de los Muertos est l'occasion pour les familles de rendre hommage à leurs proches disparus. On construit des autels, appelés ofrendas, où l'on place des objets ayant appartenu aux défunts, des photos, et des offrandes comme des bougies, des fleurs (surtout les œillets d'Inde appelés cempasúchil), et de la nourriture. L'idée est de rappeler et honorer la mémoire des personnes décédées en les invitant symboliquement à rejoindre les vivants pour un court moment. C'est une célébration de la vie au-delà de la mort, où les souvenirs permettent aux êtres disparus de rester présents dans le cœur des vivants.
En voulant créer un film autour de cette fête, Lee Unkrich cherchait à illustrer cette conception unique de la mort, empreinte de chaleur et de traditions, où les souvenirs et l’amour familial jouent un rôle central. Son script s’appuie donc sur cette tradition pour explorer des thèmes universels comme l'importance de la mémoire, des racines familiales, et du lien entre les générations.
La production du film ne se passe pourtant pas totalement dans la sérénité. La Walt Disney Company fait des demandes de dépôt de marques pour le Día de los Muertos... Sauf que cela provoque une levée de bouclier au Mexique et au sein de la communauté hispaniques aux États-Unis qui n'apprécient pas que le nom de leur fête populaire soit déposée par une entreprise à des fins commerciales. Un artiste local, Lalo Alcaraz, réalise même une affiche dénommée Muerto Mouse. Devant la vague de protestations, Disney fait vite marche arrière et arrête ses demandes de dépôt de marques.
Par contre, ironie de l'histoire, et preuve que PIXAR est peu rancunier ou fin stratège, l'artiste Lalo Alcaraz est embauché pour servir de consultant sur la culture mexicaine et s'assurer que les propos tenus sont conformes aux traditions sans être caricaturaux.
Lee Unkrich s’est également entouré d’une équipe talentueuse pour l’aider à développer le scénario, notamment Adrian Molina, Matthew Aldrich, et Jason Katz. Ces collaborateurs ont joué un rôle clé dans la construction de l’histoire et des personnages du film. Adrian Molina a eu une implication particulière et a fini par co-réaliser le film aux côtés de Lee Unkrich, un développement certainement lié à son engagement personnel et à ses origines mexicaines. Molina, né en Californie de parents mexicains, a apporté une connaissance intime de la culture et des traditions mexicaines, ce qui a enrichi le film. Il a non seulement contribué au scénario, mais a aussi aidé à s'assurer que la représentation du Día de los Muertos et des coutumes mexicaines soit authentique et respectueuse.
Avec Adrian Molina ou des artistes comme Lalo Alcaraz, Coco a pu éviter les pièges d’une vision extérieure superficielle ou stéréotypée, pour offrir un film à la fois authentique et poignant qui sort en novembre 2017, mois du Día de los Muertos.
Coco est fidèle à la culture mexicaine en célébrant le Día de los Muertos avec une grande authenticité, en intégrant ses symboles comme les autels (ofrendas), les fleurs (cempasúchil), et les crânes décorés (calaveras). Le film met en avant les valeurs familiales, essentielles dans la société mexicaine, notamment à travers l'importance de la mémoire et des liens intergénérationnels. Avec des décors, costumes, et musiques inspirés de la culture mexicaine, ainsi que l'utilisation de consultants culturels pour éviter les stéréotypes, le film réussit à rendre hommage à cette tradition tout en restant accessible à un public international.
La qualité de l'animation est, comme on peut s'y attendre de PIXAR, exceptionnelle. Les couleurs vives et éclatantes donnent vie à chaque scène, capturant l'essence chaleureuse et vibrante du Mexique. La petite ville de Santa Cecilia, où vit la famille de Miguel, est représentée avec un soin du détail qui reflète le charme des villages mexicains traditionnels, avec ses rues pavées, ses maisons colorées et son ambiance conviviale. Quant au royaume des morts, il est tout aussi magique, avec son architecture surréaliste, ses ponts de pétales de cempasúchil et ses créatures fantastiques. Ce contraste entre le monde des vivants et des morts est magnifiquement rendu par une animation qui enchante autant par sa technicité que par sa beauté visuelle.
La bande-son de Michael Giacchino est tout simplement magnifique et joue un rôle crucial dans l'émotion et l'authenticité du film. Elle puise directement dans la richesse musicale du Mexique, avec des genres comme le mariachi, le ranchera, et des mélodies traditionnelles qui transportent le spectateur au cœur de la culture mexicaine. Des chansons comme Un Poco Loco ou La Llorona apportent à la fois joie et profondeur, tandis que Remember Me (ou Recuérdame en espagnol) se distingue comme une pièce émotive qui résonne tout au long du film, devenant un symbole poignant de l'amour et des souvenirs. La musique n'est pas seulement un accompagnement, elle est l'âme du film.
Coco a remporté l'Oscar du meilleur film d'animation ET l'Oscar de la meilleure chanson originale pour Remember Me. La chanson, écrite par Kristen Anderson-Lopez et Robert Lopez, est un élément central du film. Elle évolue tout au long de l'histoire, reflétant différentes émotions et contextes, que ce soit dans des moments joyeux ou plus mélancoliques. La mélodie et les paroles poignantes évoquent l'importance des souvenirs et des liens familiaux, des thèmes majeurs du film.
Kristen Anderson-Lopez et Robert Lopez avaient déjà remporté un Oscar avant celui-ci. Le couple a été récompensé en 2014 pour la chanson Let It Go de Frozen.
Le récit nous plonge au cœur des dynamiques familiales, mettant en lumière l'importance des liens intergénérationnels et la place de chacun dans le tissu familial. À travers le voyage de Miguel, un jeune garçon passionné de musique, le film illustre à quel point la famille est à la fois un refuge et un enjeu, porteur de traditions et de rêves.
L'un des aspects les plus poignants est le lien entre les générations. Le film montre comment les souvenirs des ancêtres continuent de vivre à travers les vivants, soulignant l'idée que chaque membre de la famille porte un héritage. La célébration du Día de los Muertos devient un acte de mémoire collective, où les vivants honorent les défunts en les rappelant à la vie par des souvenirs et des offrandes. Le personnage de Miguel, en quête de son arrière-grand-père, incarne cette recherche d'identité familiale et de connexion aux racines. Ce lien de génération est renforcé par la chanson Remember Me, qui évoque la nécessité de se souvenir de ceux qui nous ont précédés pour ne pas les oublier.
Chaque personnage joue un rôle significatif dans la structure familiale, illustrant la façon dont les attentes et les traditions influencent les aspirations individuelles. Miguel se retrouve au cœur d'un conflit entre sa passion pour la musique et les valeurs de sa famille, qui interdit cette art à cause d'un traumatisme passé. Ce dilemme représente une réalité vécue par de nombreux individus : la lutte pour trouver sa place dans un cadre familial tout en respectant ses rêves et ses désirs. La famille Rivera, avec ses membres aux personnalités distinctes, illustre comment les valeurs et les croyances peuvent à la fois unir et diviser.
Les valeurs familiales, telles que le respect, la loyauté et l’amour, sont au cœur du film. Ce dernier montre que la famille est un soutien essentiel, même dans les moments de désaccord. La quête de Miguel pour comprendre son passé et la révélation des secrets familiaux soulignent l'idée que la communication et la compréhension sont essentielles pour surmonter les conflits. À la fin, la réconciliation entre Miguel et sa famille montre que l’amour peut triompher des blessures du passé. En honorant les ancêtres, Miguel parvient à unir sa passion pour la musique et son héritage familial, démontrant que l’acceptation des traditions peut coexister avec l’expression individuelle.
En conclusion, Coco est une œuvre magistrale qui touche profondément en célébrant la famille, la mémoire et l’identité culturelle. Le film réussit à allier une animation éblouissante à une histoire émotive, tout en respectant les traditions mexicaines avec une authenticité remarquable.
La fin, déchirante et touchante, est particulièrement poignante avec la scène finale impliquant Mamá Coco. Alors que Miguel chante Remember Me à sa grand-mère, il parvient à raviver en elle des souvenirs précieux, illustrant la puissance des liens intergénérationnels et l'importance de la mémoire. Ce moment symbolise non seulement la victoire de l’amour et de la connexion sur l’oubli, mais aussi la façon dont la musique et les souvenirs peuvent transcender la mort. En redonnant vie à Mamá Coco par ses souvenirs, Miguel démontre que les véritables trésors de la vie sont les relations que nous entretenons avec nos proches. Ainsi, Coco nous rappelle de célébrer et de chérir nos familles, tout en honorant ceux qui nous ont précédés, ce qui en fait un film universel et intemporel, touchant tous ceux qui ont jamais ressenti la chaleur et la complexité des liens familiaux.