Une ville dans un futur proche (Lincoln City), une drogue (Psyke) à base de moelle épinière, des drones et des robots au service de la Police, des gangsters et, surtout, une poignée non négligeable de citoyens doués de supers pouvoirs... mais dont l'existence n'est pas facile~facile.
Connor est l'un d'entre eux : ce gentil garçon peut se promener pieds nus sur une ligne à haute tension comme nous sur un tapis de mousse verte dans les sous-bois. Or il va mettre ce don merveilleux au service de malfaiteurs, ce afin de gagner suffisamment d'argent pour payer les frais médicaux de sa mère malade.
Pourquoi pas...
Tout cela peut donner lieu à un moment de cinéma réjouissant, non ?
(bien que, personnellement, les pouvoirs surnaturels, la magie, les super-héros...)
-- Tell me what they're thinking.
-- She's thinking of different ways of slitting my throat.
Le problème est que ce film manque singulièrement de mordant.
À l'image de Connor – même s'il franchit la ligne jaune de la Loi –, c'est trop lisse, trop sage, trop... dans les clous. Un peu comme ces types parfaitement murgés qui font des efforts désespérés pour ne pas tutoyer le caniveau, on progresse tout en retenue : d'un pas lent, posé, mais incertain.
C'est d'autant plus frustrant que le réalisateur maîtrise son sujet (mise en scène fluide, direction d'acteurs très correcte...) : c'est cette pondération, toujours plus épaisse au fil des minutes, qui nous fait prendre conscience que l'on avance décidément à petits pas et qu'ici ou là on aurait pu lâcher les chevaux...
Au plan discursif aussi il y avait matière à.
Ce parti pris des « super-héros » opprimés, par exemple, pourquoi ne pas l'avoir creusé ?
Idem avec le thème du sacrifice (celui de Connor, celui de Nia) ou celui de l'amitié (possible entre flics et voyous)...
Mais non.
Comme pour le reste, comme pour l'ensemble, on reste tranquillo dans les limites du raisonnable et on déroule pendant 100 minutes... en faisant gaffe de ne pas déraper sur l'omniprésente nappe de synthé (douce, mais lénifiante).
La prochaine fois, Jeff Chan, jette t'en encore quelques-uns dans le cornet, histoire de passer les bornes.
Merci d'avance...