Une oeuvre captivante à la mise en scène passionnante : voilà Code Inconnu, premier film de Michael Haneke tourné en dehors de l'Autriche. Ce cinquième long métrage succède à la trilogie de la glaciation émotionnelle et au terrifiant Funny Games et se rapproche beaucoup du fait divers dans son traitement ; intégralement composé de plans séquences précis et rondement développés Code Inconnu rassemble une poignée de personnages hétéroclites que le plan d'ouverture, impressionnant de maîtrise, va confronter dans une tension allant crescendo.
Code Inconnu parle à sa manière de l'incommunicabilité, ou du moins des limites qu'impose le langage au gré de plans dont la durée diffère selon la taille de l'incident proposé. On pense beaucoup à un autre film de Haneke, le très conceptuel 71 Fragments d'une Chronologie du Hasard, film avec lequel Code Inconnu partage le principe d'une structure éclatée mais cohérente, dépeignant des scènes du quotidien que le spectateur badaud prend plaisir à dévisager. Juliette Binoche est magnifique, tout comme l'ensemble des comédiens en général, et le film reste particulièrement intéressant dans la mesure où son discours n'est jamais réductible à une seule et unique explication. Entre le journal intime, la brève journalistique et le traitement documentaire Code Inconnu développe l'information d'une image de façon inédite, en prenant le temps de la composer, de la découper via un rythme singulier.
Réalisme semble être le mot d'ordre d'un film visiblement docu-fictif, certes pas forcément évident pour le néophyte mais toujours surprenant dans son déroulement. Le titre est à l'image de son discours : opaque et intriguant, puisque Michael Haneke s'est toujours défendu d'expliquer ses films par peur de les limiter. Un très bel objet.