L'oeuvre d'Herzog est bien singulière.
Chaque film peut ainsi être abordé comme un ovni à part, tout comme un nouveau jalon au sein de ce qu'il serait parfois bien convenu d'appeler des films ethnographiques. Chaque oeuvre en effet n'est que l'instant d'étude d'un fragment du portrait humain. Autodidacte, le cinéaste s'est formé tout seul et entreprend bien de faire en sorte que chacune de ses créations soit une oeuvre très souvent sensitive, à l'instar du processus de la marche qui, comme il l'a si souvent révélé dans de nombreuses interviews, l'aide à penser un film dans ses détails pendant le trajet.
Coeur de verre n'y échappe pas et figure une nouvelle expérience étrange. Apparemment ici, il semblerait que le cinéaste ait hypnotisé quasiment l'ensemble des "acteurs" et "figurants"... Tous sauf un, le berger Hias qui prédit de plus en plus d'étranges prophéties apocalyptiques. Il en ressort un film lent à deux à l'heure, austère dans sa narration mais riche dans sa plastique, traversé de visions de paysages magnifiques. Quand je dis austère, venant de quelqu'un comme moi qui aime les films de Bresson ou Bergman, vous savez donc à quoi vous attendre. Le film est à prendre comme une expérience et c'est finalement parfois plus une épreuve qui attend le spectateur au tournant.
Néanmoins même si le film ne touche pas autant que prévu, je ne nie pas une certaine fascination à son encontre. Car Herzog donne une touche profondément romantique (certains plans évoquent Caspar David Friedrich) à ses plans et son talent documentaire fait ressortir certaines séquences avec acuité comme la fabrique du verre, passionnante. Au final, un film assez abrupte, pas forcément celui que je conseillerais pour commencer l'oeuvre du cinéaste, au contraire du génial et superbe Aguirre.