Ça m'a laissé de marbre...
Alors que Potemkine réédite toute la filmographie de Werner Herzog dans des coffrets ma foi quelque peu onéreux, j'ai eu la chance de trouver à prix modeste un coffret qui regroupe la plupart de ses films de fiction les plus connus. Jusqu'à présent, un constat m'a paru clair : j'ai beau adorer Aguirre et Fitzcarraldo, qui font partie de mes films préférés, je suis hélas plus réservé sur le reste, mais j'espère quand même trouver quelques bonnes surprises (par exemple La Ballade de Bruno qui, sans un chef-d'oeuvre, a des aspects très intéressants, notamment son final mémorable).
Coeur de Verre a la réputation d'être une oeuvre assez obscure dans la filmographie du cinéaste, c'est un film assez peu connu, mais qui est pourtant célèbre pour avoir été tourné d'une façon très particulière, probablement unique dans le 7ème art : à peu près tous les acteurs ont joué sous hypnose. Est-ce la promesse d'un film hypnotique, ou d'un truc soporifique? Si vous avez vu ma note, vous devez deviner la réponse...
Pourtant le début se présente assez bien : comme souvent chez Herzog, la photographie est belle et la musique (encore signée Popol Vuh) est jolie. Hélas, petit à petit, ça se gâte. On s'aperçoit qu'on à affaire à un beau spécimen du gros cliché de film d'auteur chiant et impénétrable, avec des dialogues abscons et étrangement écrits ; le synopsis est intéressant sur le papier mais au bout du compte il n'y a quasiment pas d'histoire, dans l'ensemble on a affaire à un ensemble de scènes décousues qui font parfois assez peu de sens, avec des prévisions apocalyptiques histoire de mettre une ambiance pessimiste mais qui m'en touchent une sans faire bouger l'autre, des personnages qui agissent de façon bizarre, une sombre histoire de canapé, quelques belles images naturelles qui paraissent tirées d'un documentaire (ce qui rappelle certains passages de L'Enigme de Kaspar Hauser), mais sans qu'on sache trop ce que ça vient faire là. Et surtout, c'est lent. Très. La plupart des personnages du film semblent être plongés dans une torpeur, dont Herzog semble parfois s'en amuser (on dit parfois que ses films ont un sens de l'humour souvent négligé), comme dans cette scène où un personnage casse une chope de bière sur le crâne de son ami, qui ne réagit pas. Au final, le spectateur finit par être dans le même état, et les 90 minutes et quelques deviennent très douloureuses. En plus, la fin du film ne dresse pas de conclusion claire, faisant fi de ce qui se passe au village pour finir d'une façon qui se veut vaguement métaphorique.
Au final, j'ai du mal à savoir ce que je suis supposé retenir de ce truc sans queue ni tête, dont le principal mérite est d'être très joli esthétiquement. Certains disent que Coeur de Verre, sans doute le film le plus jusqu’au-boutiste de son auteur, révélera son cœur aux spectateurs les plus patients (d'ailleurs, Roger Ebert le classe dans sa liste des "Great Movies"), moi je n'ai pas le courage de m'infliger ça une deuxième fois pour vérifier... (m'enfin, si quelqu'un a envie de m'expliquer...)