Destins croisés de trois femmes d'âges et de milieux différents.Elles ne se connaissent pas mais ont pourtant des points communs.Elles vivent à Toronto,sont des artistes,sont perturbées par de graves problèmes personnels et vont finalement quitter la ville pour changer de vie et repartir à zéro.Ce qu'on remarque d'emblée est que le film est écrit et réalisé par Edoardo Ponti,qui n'est autre que le fils de Sophia Loren et du producteur Carlo Ponti.Autant dire qu'il est quasiment né dans un studio de cinéma et a fréquenté dès son plus jeune âge le Gotha du cinéma mondial,ce qui lui a permis par la suite de rejoindre la cohorte fournie des fils et filles de et autres sous-doués sponsorisés par leur famille.Ce qui n'a sans doute pas été inutile pour attirer dans cette petite production italo-canadienne une incroyable armada de stars.Ont répondu à l'appel Sophia Loren,normal c'est sa mère,Mira Sorvino,Deborah Unger,Malcolm Mc Dowell,Klaus Maria Brandauer,Pete Postlethwaite et Gérard Depardieu.Tout ça pour un mélo lacrymal laborieux et mal foutu."Coeurs inconnus",c'est du cinéma comme on n'en voit plus beaucoup,et c'est heureux.Sur fond de mélodrame digne du 19e siècle,Ponti nous assomme avec sa réalisation lente et statique minée par les champs-contrechamps à retardement et la musique ringardos du pourtant réputé Zbigniew Preisner.C'est qu'on ne rigole pas là-dedans,et la barque est chargée.Enfant abandonné,passion contrariée,paraplégie,choc post-traumatique,père assassin sortant de taule,rien que du malheur ma bonne dame!L'auteur fait aussi dans la poésie frelatée avec ces apparitions,réelles ou imaginaires,d'une petite fille,qui se manifestent aux trois héroïnes pour symboliser...quoi au juste?La pureté perdue de l'enfance?Le signe d'un nouveau départ?Les souvenirs et les regrets aussi?Les filles naviguent donc entre passé à liquider et avenir incertain,culpabilité à solder et vies à reconstruire.Ca aurait pu marcher avec un traitement moins désuet et compassé,mais là c'est raté même si l'émotion affleure parfois sur la longueur,ce qui est dû principalement à la qualité supérieure du casting,les comédiens parvenant à faire exister par intermittence des personnages qui nous laissent généralement indifférents,ni leurs personnalités ni leurs histoires n'étant franchement captivantes.A ce jeu,c'est Deborah Unger qui s'en sort le mieux,exprimant avec une finesse infinie et une puissance remarquable les désarrois d'une femme au bord de la rupture mentale,et son face-à-face tendu avec Malcolm Mc Dowell vaut le déplacement.Hélas,son personnage est le moins présent des trois à l'image,Ponti préférant visiblement favoriser le segment avec Sophia Loren.Normal,c'est sa mère.Mauvais point par contre à notre Gégé national,apparemment venu là juste pour rendre service dans un petit rôle à la limite de l'inutilité.Il joue ici un de ces ravis de la crèche plus finauds qu'il ne semble qu'on l'a beaucoup,voire trop,vu interpréter,et abuse sans vergogne de son fameux sourire naïf homologué.Les trois héroïnes se rencontreront finalement à l'aéroport lors d'une scène ultime totalement foirée et ridicule qui conclue de manière adéquate cette oeuvrette superflue.