Depardieu jardinier qui papote avec Loren sur le banc d’un parc américain, ça donne le ton des étrangers qui se rencontrent chez Ponti, avec un fort corollaire de sur mesure. En fait, c’est même du vrac, & tout ce qui compte dans la mise en scène n’y est pas : le jeu est presque mauvais & les informations clés font si peu corps avec le scénario que les personnages doivent les évoquer à haute voix bien que seul le spectateur ne soit pas au courant.
Il y a des pans entiers de l’histoire qui se révèlent être des fausses pistes, ce qu’on aura du mal à considérer comme voulu comme tenu du reste. Mais on s’y fait, surtout quand on remarque l’utilité des fausses pistes. Le film reste mal fait, mais on cesse de se sentir lésé par le désordre. D’une psychologie d’abord absente émergent des personnalités minimalistes mais tissant bellement un scénario en étoile ; les non-évènements lâchés comme par mégarde sèment la graine d’une nostalgie qui croît peu à peu à l’égard des personnages. Puis Ponti nous l’assène, la symbiose des cœurs, la fleur qui serait magistrale si autre chose que les trois actrices principales en valait la peine.
Sans qu’on s’en rende compte, Ponti a pris le regard en arrière – geste damné s’il en est, avec tous les regrets que l’art occidental y attache – & en a fait la clé d’un film qui ne compte qu’avec sa fin. Je suis extrêmement partagé quant à approuver les situations abracadabrantes & ficelles faciles par lesquelles on doit passer auparavant : étaient-elles purement médiocres & dispensables, ou partie de l’alchimie ? Je reste dans mon doute, agréable nuage au-dessus d’une interprétation impossible.
→ Quantième Art