Du Jim Jarmusch pur jus, ne faisant pas semblant concernant le propos du film : c'est vraiment un film à sketches, sans même de lien entre les différentes scènes, si ce n'est celui d'acteurs jouant leur propre rôle (sans forcément refléter leur vraie personnalité, du moins pas toujours) autour d'une table, avec, donc, café et cigarettes pour les accompagner. C'est logiquement un peu inégal, mais par chance, ceux n'étant pas très réussis sont aussi les plus courts. Après, c'est sûr qu'on sera forcément plus sensible à certains qu'à d'autres : celui avec Iggy Pop et Tom Waits, malgré une jolie mélancolie, ne me marquera pas outre-mesure.
En fait, si certains font un minimum d'effets par leur tchatche et leur auto-dérision (notamment celui réunissant RZA et Bill Murray), il y en a clairement deux qui me resteront : la rencontre entre Alfred Molina et Steve Coogan, presque cruelle, dont l'évolution assez inattendue a quelque chose d'à la fois triste et savoureux, et celui avec Cate Blanchett, dans un double rôle excellemment écrit où celle-ci fait étalage de sa classe et de son immense talent : un très bon sketch pour une très grande actrice. Pour le reste, Jarmusch, malgré des directeurs de la photo différents presque à chaque fois, est fidèle à lui-même en optant pour un noir et blanc assez typé, plutôt agréable à regarder, cohérent avec l'univers instauré. Pas un coup de cœur, mais dans un registre assez précis, du cinéma de qualité.