Cogan est un très bon premier film.

Sauf que c'est en fait le troisième effort de son réalisateur, après l'intéressant "Chopper" en 2000 avec une performance puissante d'Eric Bana, et surtout l'excellent "The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford" en 2007 qui était une véritable merveille. Et c'est là que le bât blesse.

Comment enchaîner après un film aussi puissant sur tous les aspects ?

Thématiquement "Cogan" est le digne successeur de ces deux précédents opus : une réflexion sur les différentes facettes de la criminalité. Cependant là où "Chopper" et "The Assassination" abordaient tous deux le thème de la fascination de nos sociétés pour les grandes figures criminelles, Cogan lui, parle d'une Amérique gangrenée par le fric.

Jusque là tout va bien. Le générique de début est sympa, un peu maladroit mais avec une très bonne idée. Il annonce de manière intéressante le propos du film. Après une exposition bien fichue et assez claire, le film pose les enjeux de manière efficace et fait un peu penser au genre de chose que Guy Ritchie pourrait réaliser si ce n'était pas un bon gros beauf bien crétin sous coke. Sauf que très vite on comprend où Dominik veut en venir. Normal, il nous l'assène dans presque chaque scène par l'intermédiaire de la radio où de la télé. Et puis viens le monologue final. Et là tout est perdu. Avec la verve et le savoir faire d'un étudiant en cinéma révolté, Dominik par le biais de Brad Pitt nous explique de but en blanc ABSOLUMENT TOUT son film. Comme ça, sans prévenir.

Alors je comprend parfaitement ce qui peux pousser un réalisateur à faire ce genre de choses. Il veut nous foutre une baffe, il veut nous faire son Fight Club, son oeuvre "fuck-you" bien cynique et désabusée. Et ça serai acceptable si derrière il y avait la virtuosité de Fincher associé à la folie de Palahniuk ou bien si c'était un premier film. Mais là on parle de l'homme qui nous a offert "The Assassination" : Un film subtil et intelligent dans son propos et dans sa façon de le traiter. Non non,il décide de nous faire un Frères Cohen light et adolescent.

Je ne terminerai pas cette critique sans parler de l’interprétation . Elle est remarquable, comme toujours chez Dominik, que ce soit au niveau des têtes d'affiches, comme des secondes rôles. Brad Pitt utilise bien son image d'ambassadeur de la classe américaine tout comme il savait déjà très bien jouer de son image d'icone dans "The Assassination". Gandolfini est parfait, pathétique et attachant en petit fonctionnaire du meurtre en roue libre. Ses deux scènes ( les plus longues du film) en disent plus sur le propos que cet horrible monologue final. Et même Ray Liotta ne cabotine pas trop, même s'il nous lâche quand même un bon gros rire forcé à un moment. Le destin de son personnage nous offrira de surcroît la scène la plus impressionnante du métrage.

Bref en d'autres termes et pour dire ce que j'aurai oublié de dire : c'est bien, c'est brutal, c'est bien joué, c'est joli, avec un rythme un peu bipolaire mais surtout : c'est un faux film coup de poing.
RomainLarue
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le 20 déc. 2012

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Romain Larue

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