James Bond Year One...Again.
Ce film est un pur produit de son temps.
Ok c'est une phrase bateau et pédante, je vous l'accorde.
Dans cet énième film, James Bond va subir le traitement favori des films de 2012 : La déconstruction.
D'ou ce reboot (oui c'en est un) de la série seulement quelques années après Casino Royale. Il faut dire que Quantum Of Solace a réussit l'exploit de complètement flinguer l'incroyable élan qu'avait donné son prédécesseur à la franchise. Donc table rase pour ce James Bond, traité comme un super-héro de 2012 : Batman pour ne pas le citer - qui ces dernier temps a traversé lui aussi une phase de mort et de renaissance aussi bien au ciné que dans les comics- et les Avengers.
Donc on tue James Bond au début et on le force à revenir parce que c'est définitivement le meilleur, même s'il va en chier pour revenir à son top niveau.
Ce film c'est un peu George Clooney : Conscient de son âge et de son image, il décide d'en rire le cabot et avec l'oeil qui pétille de surcroit. Alors on nous sort plein de références, plein d'inside Joke (celle du stylo notamment, très "Avengers") un vilain très James Bondien, la Bond Girl qui crève et celle qui survit, l'Aston Martin,le tuxedo bref...tout pour qu'on oublie surtout pas qu'on regarde un James Bond. Seulement tous ces éléments sont repris pour mieux les détourner. C'est un film hommage et parodique en même temps. Et d'un autre côté le film se prend très au sérieux par moments comme s'il voulait anoblir une matière vulgaire. Ça doit être le côté prétentieux de Mendes qui ressort.
C'est un film qui a un peu peur de son sujet, qui l'évite, le contourne, le détourne, qui lance de la poudre aux yeux et qui finalement au lieu de raconter vraiment quelque chose, décide de tomber dans un commentaire méta sur sa propre histoire et sur la place que la franchise occupe dans le monde du cinéma actuel. En gros : On sait qu'on est plus totalement en forme, qu'on vieillit, et voilà ce qu'on propose pour rester dans la course.
Alors peut être que c'est ce dont la franchise à besoin, peut être que c'est une façon de plaire à un public de plus en plus cynique, mais en l'état, ça reste un épisode de plus qui ressemble à une transition, qui semble installer comme les deux autres épisodes un "nouveau" James Bond dont pour l'instant on n'a entrevu la couleur que dans Casino Royale.
En terme de comédiens ça se passe bien et moins bien. En fait il serait peut être enfin temps que Daniel Craig s'empare du rôle. Ça serait pas mal. Mais on peut toujours rêver vu comment il a l'air de s'en foutre. Donc on aura un James Bond mono expressif, aussi charmant qu'un videur de boite de nuit russe pendant tout le long du film. Même s'il y a du progrès par rapport à Quantum Of Solace et ce grâce à Mendes qui sait quand même pas trop mal diriger ses acteurs. Judi Dench est parfaite, c'est vraiment la seule qui tire son épingle du jeu : Elle défend son personnage, lui donne des faiblesses et une humanité. Bardem joue un James Bond à voile et à vapeur qui aurai mal digéré son Oedipe. Il s'amuse et cabotine et on est content pour lui mais son personnage est un gros con aussi attachant qu'un gamin qui fait un caprice et on se fiche pas mal de ce qu'il peut lui arriver.
Pour résumer : pas de révolution, pas d'évolution mais plutôt une répétition générale pour un futur James Bond qui arrêterait de se regarder le nombril.