Après avoir réalisé l'un des meilleurs western de ces vingt dernières années (l'excellentissime L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford), Andrew Dominik s'attaque cette fois-ci au genre film de gangsters.
Cogan est donc un polar noir, mais alors bien noir. C'est un film sans la moindre concession qui s'adresse à un public d'avertis, un film peu aimable, froid et très bavard. On retrouve Brad Pitt dans le rôle du tueur à gage Cogan qui doit faire "le ménage" au sein de la pègre locale. Il n'y a pas de méchants ni de gentils ici, juste des gars qui essayent de s'en sortir plus ou moins bien avec les moyens que la société leur a ou ne leur a pas fourni. Et ce n'est pas un hasard si le film se déroule pendant la campagne présidentielle qui verra l'élection d'Obama face à Bush, le sous-texte politique étant très présent tout le long du film à travers des extraits de discours des deux candidats. Le film met à mal le rêve américain, c'est même l'opposé du rêve américain. C'est le personnage de Brad Pitt qui décrit au mieux cette Amérique où le business est seul roi, "America is not a country, it’s a business … so pay me !".
Comme déjà dit en préambule, le film est très bavard et on pourrait donc craindre l'ennui. Au contraire, on ne s'ennuie pas une seule seconde, grâce à une mise en scène ultra classe et des dialogues jubilatoires. Il y a un peu de Quentin Tarantino et des Frères Coen dans l'écriture du film, et du James Gray dans la mise en scène. On peut aussi y voir l'influence de Scorsese dans cette vision froide et très réaliste de la mafia.
Cogan est une merveille de film de gangsters, un film de mafieux passionnant et réjouissant ... mais qui ne plaira pas à tout le monde, car peu aimable pour l'amateur des polar à la "cool attitude". Sachez-le, Cogan, c'est l'anti Snatch et Andrew Dominik, c'est l'anti Guy Ritchie ... et c'est très bien comme ça !