Une banlieue pourrie, genre New Jersey. Deux petites frappes qui traînent leur vie dans les rues encombrées de papiers gras se font persuader de tenter un coup : Markie Trattman (Liotta), un patron de boîte de poker, a un jour dévalisé son propre établissement, juste pour la blague. Si on l'attaque encore, les joueurs penseront encore que c'est lui. Les mecs font le coup, ça fonctionne. Un mec sérieux en lunettes, opérant pour de gros bonnets dont on ne saura rien, fait venir Jackie Cogan (Pitt), qui dessoude Trattman sous la pression du milieu, puis qui retrouve les deux baltringues (l'un d'eux n'a pas pu s'empêcher d'acheter du speed). Il engage un tueur sur le retour, Mickey (Gandolfini) mais ce dernier s'avère un peu trop sur le retour. Cogan décide donc de faire le truc lui-même. L'ensemble du film se déroule pendant la crise des subprimes et la victoire électorale d'Obama. Quand Cogan se fait entuber sur l'agent qu'on lui paie, il reprend à son compte le discours d'Obama et conclue en gros sur ces mots : "Ici, c'est l'Amérique. Ce n'est pas l'histoire d'être une nation, mais de se faire payer. Alors PAYEZ-MOI !".
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Il y a déjà beaucoup de bonnes critiques sur ce film, donc je ne vais pas m'attarder. C'est un film lent, parfois trop lent, avec des dialogues qui ne font pas avancer l'intrigue. Mais ce qui compte, ici, c'est cette atmosphère poisseuse, noire, individualiste et fataliste, qui passe justement par cette lenteur et par de très beaux extérieurs de friches urbaines.
J'ai beaucoup pensé aux films hongkongais. On trouve quelque chose du rythme de vie des petits truands, et de leur monde impitoyable, mais bonhomme, ce qui est éminemment sympathique. Et puis les scènes de meurtre sont très stylisées, mais pas dans le sens où elles font de l'esbrouffe, ce qui change un peu. La plus marquante est bien sûr celle où Pitt fait s'arrêter sa voiture à côté de celle de Liotta à un feu et le tue à travers la vitre, sous la pluie. Ou celle du patron des deux baltringues.
Cette atmosphère mélancolique est bien sûre renforcée par les extraits radios ou télés de déclarations sur les subprimes ou la montée d'Obama, qui renforcent l'impression de tout voir du côté de l'Amérique qui perd.
Bon, et sinon ce film m'a fait réaliser à quel point Ray Liotta ressemblait à Alain Delon, par moment.
Au fond, ce film est assez proche du précédent film de Dominik. Il parle d'un assassinat programmé, d'une quête, même si ici Brad Pitt n'est pas le chassé, mais le chasseur. La comparaison des deux films est intéressante. Leur rythme lent semblera un peu poseur à certains, mais moi j'ai bien aimé, j'ai trouvé ça raffraichissant.